Comme le rappellent les Drs Violaine Guérin (présidente) et J. L.Thomas (vice-président), cette enquête présente plusieurs biais (absence de groupe témoin, échantillon non représentatif de la population générale…) mais elle a le mérite de fournir des données chiffrées dans un domaine où l’on en manque cruellement, singulièrement en France.
La population étudiée comporte 100 personnes (91 femmes et 9 hommes) âgées, en moyenne, de 42,7 ans. 91 % ont subi des attouchements et 74 % un viol ; dans 88 % des cas, il s’agissait d’agressions multiples ayant débuté à 9,5 ans et duré 8,5 ans ( !).
L’enquête montre la réalité de l’amnésie post-traumatique puisque la prise de conscience survient, en moyenne à 20,1 ans. Si 97 % des victimes affirment avoir parlé des violences subies à quelqu’un, une procédure judiciaire n’a été lancée que dans 21 % des cas (à noter que dans 21 % des cas, une telle procédure n’a pu être lancée en raison de la prescription).
Des troubles psychiques et physiques
Premier constat, les troubles psychiques sont très fréquents dans cette population : dépression (75 %), tentatives de suicide (31 %), troubles du sommeil (45 %) et du comportement alimentaire (50 % de boulimies et 35 % d’anorexies).
Les troubles somatiques sont davantage méconnus mais tout aussi fréquents, à commencer par les douleurs chroniques (64 %), dominées par les douleurs musculo-squelettiques (80 % environ). Les affections dermatologiques (44 %) et gynécologiques (46 % des femmes) sont également fréquentes, tout comme les allergies (50 %). D’autres symptomatologies (céphalées migraines) sont également rapportées par un quart des victimes. D’une façon générale, de très nombreuses pathologies sont retrouvées de façon non anecdotique, comme les affections ORL (37 %) et endocriniennes (28 %).
Mobiliser les praticiens
Cette liste à la Prévert montre l’importance d’une formation et d’une mobilisation des praticiens, en priorité, bien sûr, pour participer à la prévention des violences sexuelles mais aussi pour effectuer un dépistage actif de ces violences et de leurs conséquences médico-psychologiques.
D’autant que, comme le montrent plusieurs exemples, une prise en charge adaptée précoce et relativement courte peut aider ces victimes.
Stop aux violences sexuelles, 23 rue Vernet, 75008 Paris. www.stopauxviolencessexuelles.com
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