La douleur induite par les soins est insuffisamment prise en compte en gériatrie. L’étude REGARDS * a notamment montré que les soins d’hygiène, d’aide et confort représentaient 76,4 % des gestes effectués auprès des personnes âgées et qu’une analgésie spécifique pour ces gestes n’était utilisée que dans moins de 1 % des cas. Les sujets âgés déments présentant des problèmes de tolérance aux opiacés, il a donc été recherché une alternative aux bolus de morphine.
L’étude réalisée au CHU de Nice se proposait donc d’étudier la faisabilité de l’utilisation du MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote) lors des soins douloureux. Et ce quel que soit le degré de sévérité de la démence. Elle a été menée chez 50 patients déments (40 % maladie d’Alzheimer), âgés de plus de 75 ans (78 % de femmes), hospitalisés au sein du pôle de gérontologie.
L’objectif principal était d’évaluer la faisabilité du MEOPA chez la personne âgée démente, fragile lors de la première séance de soins, en alternative à une augmentation des opioïdes. Les objectifs secondaires étaient les suivants : décrire les effets secondaires rencontrés lors de cette première administration de MEOPA, évaluer la douleur pendant le soin (EVS ou Algoplus) et la satisfaction des patients et des soignants et étudier la tolérance du MEOPA en fonction du degré de sévérité de la démence.
La première étape a tout d’abord consisté en une phase de formation des équipes soignantes du Pôle (324 lits).
Le MEOPA a été utilisé dans 60 % des cas pour des soins d’escarres, dans 38 % des cas pour des soins d’ulcères cutanés. Les patients recevaient un traitement antalgique de fond : 62 % au palier 1, 10 % au palier 2 et 28 % au palier 3. 24 % ont eu leur prémédication antalgique habituelle avant le soin. 36 % des patients ne présentaient pas de douleur avant le soin, mais 20 % avaient un mauvais contrôle du traitement de fond et présentaient une douleur intense à très intense.
Même chez des patients déments sévères
La durée moyenne d’administration du MEOPA a été de 15 minutes. Le masque était appliqué et maintenu par le patient dans 28 % des cas, par le soignant dans 42 % des cas et par les deux dans 30 % des cas. Et même les patients déments sévères (MMS ‹ 10) participent.
Les résultats montrent que le MEOPA est faisable pour 90 % des patients.
Quelques effets secondaires (troubles sensoriels, trouble du comportement…) ont été observés mais aucun de ces effets n’a entraîné l’arrêt du MEOPA.
Il n’y avait pas plus d’effets secondaires chez les patients présentant une démence plus sévère : ils ne sont donc pas à écarter de ce type de protocole antalgique.
Tous les patients ont été satisfaits ainsi que les aidants et les soignants.
Le patient dément devient un partenaire du soin et les informations données aux familles ou aux aidants permettent de faciliter le dialogue.
D’après la communication du Dr Françoise Capriz (CHU de Nice)
*Recueil Épidémiologique en Gériatrie des Actes Ressentis comme Douloureux et Stressants 2011, www.cnrd.fr
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