Au congrès de l’International Aids Society (IAS) 2025, qui s’est tenu du 13 au 17 juillet à Kigali, l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE) a réaffirmé son engagement pour la santé mondiale fragilisée par les décisions de l’administration Trump. Si certains de ses travaux concernent des problématiques nationales, comme la santé des personnes transgenres séropositives sur le territoire, d’autres œuvrent à améliorer la prise en charge de l’infection dans le monde.
L’une d’entre elles, sur la prise intermittente d’antirétroviraux (ARV), résonne avec l’actualité. Alors que les coupes budgétaires du gouvernement de Trump dans le Pepfar et l’Usaid induisent des ruptures conséquentes d’ARV dans les pays dépendant de ces programmes, cette alternative d’urgence permettrait de prolonger les stocks. Dans une méta-analyse de sept essais cliniques, totalisant 1 286 personnes avec une suppression virale et de hauts taux de CD4, l’ANRS-MIE a cherché à vérifier si un schéma de prise garantit un bénéfice clinique et minimise le risque de transmission. Au sein des différentes études, la prise continue est comparée à des posologies allant de trois à cinq jours par semaine.
À 48 semaines post-inclusion, aucune différence de risque n’a été observée (RD = – 0,00) : la survenue d’une charge de l’ARN viral supérieur à 50 copies/ml était retrouvée chez 3 % des personnes pour le dosage intermittent comme pour la prise en continu. L’efficacité pour le schéma intermittent était suffisante pour une prise quatre à cinq jours par semaine.
Bonne tolérance de deux anticorps anti-VIH pour l’allaitement
Autre sujet d’étude, la prévention de la transmission maternelle du VIH durant l’allaitement. L’ANRS-MIE mène un essai clinique PedMAb visant à évaluer deux anticorps à large spectre (CAP256V2LS et VRC07-523LS). Cette phase 1 explore la sécurité et la pharmacocinétique de ces anticorps, seuls ou associés et à différentes posologies. Les résultats montrent un bon profil de sécurité et d’autres essais sont nécessaires pour juger de leur efficacité.
Quelque 40 nouveau-nés exposés au VIH mais nés sans être contaminés ont reçu des doses croissantes du CAP256V2LS (5, 10 ou 20 mg/kg), du VRC07-523LS (20 ou 30 mg/kg) dans les 96 heures de vie. Après analyse des données d’innocuité, huit enfants ont reçu concomitamment une dose fixe de chaque anticorps (60 mg CAP256V2LS ; 90 mg VRC07-523LS) dans les 96 heures de vie puis une seconde dose de 120 mg de l’un des deux anticorps à trois mois. Tous les effets indésirables survenus se sont résolus spontanément, avec une majorité de grade 1 ou 2, excepté pour cinq de grade 3 et deux de grade 4.
En France, les femmes trans séropositives victimes de violences
L’ANRS-MIE a également présenté les résultats de l’étude nationale Trans & VIH, qui porte sur les vulnérabilités socio-économiques et la santé mentale des femmes transgenres vivant avec le VIH (FTVVIH) en France. Cette année, l’analyse détaille l’influence des violences subies sur la santé et l’accès aux soins VIH de ces femmes.
La violence exercée par la clientèle (dans le cadre de la prostitution) ou dans l’espace public était associée à une interruption de deux jours ou plus des antirétroviraux dans le mois précédent (odds ratio ajusté, aOR = 1,9) et à la consommation de stimulants (aOR = 2,3), comparé aux violences de faible niveau. En cas de violences commises par de multiples auteurs (clients, passants, police, collègues, partenaires, famille, amis), les victimes manquaient de soutien moral (aOR = 2,9) et souffraient davantage de dépression (aOR = 4,2).
Ces deux typologies de violences étaient par ailleurs liées à des conditions de logement inadéquates (aOR respectifs = 2,3 et 2), l’usage quotidien de cannabis (aOR = 4,4 et 3,1) et des pratiques de relations sexuelles transactionnelles dans des lieux publics ou en extérieur (aOR = 4 et 4,2). « Dans un contexte de transphobie structurelle et de criminalisation du travail du sexe, assurer un accès équitable aux soins VIH et aux services de santé mentale est primordial et inséparable de la protection de leurs droits humains fondamentaux et de l’amélioration de leurs conditions socio-économiques », concluent les chercheurs.
L’OMS recommande le lénacapavir en prévention du VIH
Après les résultats de l’efficacité considérable du lénacapavir injectable deux fois par an comme traitement préventif (Prep) du VIH, présentés l’an passé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, durant l’IAS 2025, avoir mis à jour ses recommandations pour l’intégrer officiellement dans la stratégie mondiale de lutte contre le virus. « Bien qu’un vaccin contre le VIH reste hors d’atteinte, le lénacapavir est la deuxième meilleure solution, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’agence onusienne. La publication de ces nouvelles recommandations, au côté de l’autorisation récente de la FDA, marque une étape critique vers un accès étendu à cet outil puissant. L’OMS s’engage à travailler avec les pays et partenaires pour assurer que cette innovation atteigne les communautés aussi rapidement et sûrement que possible. »
Grossesse : la prise des antiépileptiques à risque avéré baisse, mais vigilance sur le report
L’ONU et une centaine d’ONG alertent sur la famine à Gaza
Le gouvernement veut faire du sommeil un pilier de santé publique
Transition de genre : premières recos chez l’adulte, la HAS se remet au travail pour les mineurs