« Remettre la nécessité d’un sommeil de qualité pour tous et partout au centre des politiques interministérielles. » À l’occasion d’une table ronde sur la place du sommeil en santé publique, le Dr Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, dévoile la feuille de route interministérielle 2025-2026 en faveur d’un sommeil de qualité, dans le cadre de la grande cause nationale Santé mentale. Il y est question de prévention avec, en points clés : la sensibilisation du grand public, des professionnels de la petite enfance, un environnement favorable au sommeil et le repérage des troubles du sommeil.
Avec un Français sur cinq qui dort moins de six heures par nuit, la qualité du sommeil s’est largement dégradée avec une heure et demie perdue en cinquante ans. Un déficit qui touche surtout les plus jeunes puisque 30 % des enfants et 70 % des adolescents dorment insuffisamment. Pourtant, le sommeil est primordial dès la petite enfance pour la maturation cérébrale, la sieste étant indispensable au développement cognitif (attention, apprentissage, plasticité, fonctions exécutives, etc.). À l’adolescence, il est nécessaire au développement du cortex préfrontal pour la régulation des émotions, de la prise de risque ou encore des addictions.
En parallèle, le repérage de troubles du sommeil fait défaut. Le Pr Renaud Tamisier, pneumologue au laboratoire du sommeil du CHU Grenoble-Alpes, alerte : « La moitié des patients qui devraient bénéficier d’un traitement pour un syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil n’est pas diagnostiquée. »
Des liens inextricables entre sommeil et santé globale
« Le sommeil n’est pas un luxe mais une nécessité non négociable », revendique le Dr Neuder, qui veut faire de ce besoin physiologique un pilier de santé publique. En effet, le sommeil dans toutes ses facettes influe sur la santé mentale, respiratoire et cardiovasculaire. « Dès que l’on s’éloigne de la durée moyenne de sept à huit heures, on observe une hausse de l’incidence des pathologies en santé mentale. Le taux de tentatives de suicide est multiplié par quatre pour un sommeil inférieur à cinq heures », indique le Pr Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre à l’hôpital Bichat (AP-HP). La Pr Carmen Schröder, pédopsychiatre au CHU de Strasbourg et au Centre de ressources autisme Alsace, ajoute : « Chez les adolescents, en cas de déficit de sommeil par rapport aux neuf heures recommandées, le risque de trouble psychiatrique est multiplié par 3,4 et celui de troubles de l’humeur par 5,4. »
Côté cardiovasculaire, le sommeil est reconnu comme facteur de risque depuis 2022 par l’American Heart Association. « Ce n’est pas seulement la durée du sommeil qui joue un rôle mais aussi sa déstructuration et sa chronodisruption, qui sont prédictives du risque de décès », explique le Dr Sébastien Baillieul, médecin du sommeil au CHU Grenoble-Alpes. Un coucher trop tardif ou trop précoce, une irrégularité dans les horaires, un sommeil insuffisant sont autant de paramètres qui altèrent la santé cérébro- et cardiovasculaire, avec notamment la survenue de démences.
Des espaces pour des micro-siestes en entreprise
La feuille de route mobilise plusieurs ministères (Santé, Éducation nationale, Travail, Logement, Culture, Enseignement supérieur, Agriculture, Transition écologique, Intérieur) et définit quatre axes d’action, principalement portés sur la prévention primaire :
• Tout d’abord, le gouvernement met l’accent sur des campagnes de sensibilisation et un accès facilité aux contenus informatifs sur plusieurs sites gouvernementaux (Ameli, Santé publique France, mangerbouger.fr).
• Pour instaurer au plus tôt une bonne hygiène de sommeil, l’information des professionnels de la petite enfance sera renforcée : repères sur les besoins en fonction de l’âge, prévention sur l’usage d’écrans, rituels de coucher, conseils sur la sieste, etc. De même pour les parents, à travers l’ajout de pages dédiées dans le nouveau carnet de santé depuis janvier 2025 et dans le carnet de maternité en janvier 2026.
• Des actions seront menées pour soutenir un environnement favorable à la qualité du sommeil : la rénovation thermique et l’isolation sonore des logements ou encore la mise en place d’espaces calmes labellisés « Quiet » implantés dans les collectivités et les entreprises, pour permettre des micro-siestes.
• Finalement, le gouvernement entend améliorer le repérage des troubles du sommeil en formant et outillant les professionnels de santé. La feuille de route aborde la prévention du mésusage des médicaments dans le cadre de troubles du sommeil et veut « mettre en œuvre des prescriptions renforcées pour les benzodiazépines », lit-on.
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