Sarcopénie ne rime pas nécessairement avec maigreur. Certains patients présentent en effet une
obésité sarcopénique, état dans lequel intervient le phénomène d'insulinorésistance. Celui-ci perturbe la régulation de la synthèse protéique, particulièrement au cours de la période post-prandiale. Après un repas, en effet, la synthèse protéique est stimulée en moindre proportion chez le sujet âgé par rapport à ce qui se passe chez l'adulte jeune. Par ailleurs, la perte de masse musculaire diminue les besoins énergétiques de l’organisme (directement liés à la masse musculaire), d’où une diminution de l’oxydation des graisses, une augmentation de leur stockage et une augmentation de l’insulino-résistance. Il est donc tout à fait possible de présenter conjointement une sarcopénie, voire une dénutrition, et des maladies de surcharge, tels le diabète de type 2 ou l’obésité. Faut-il alors faire maigrir les sujets âgés obèses dans le but de réduire leur niveau de risque cardiovasculaire, au prix peut-être d'une aggravation de la sarcopénie ? Cette question reste très discutée, et de nombreux éléments entrent en ligne de compte : ancienneté de l'obésité, caractère volontaire ou involontaire (pathologie intercurrente) de la perte de poids, niveau de risque cardiovasculaire et présence de comorbidités.
Perte d’autonomie
Toujours est-il que maigreur comme obésité s'accompagnent chez le sujet âgé d'une perte d'autonomie, comme le montre l’enquête « Handicap-Santé, volet ménages », réalisée en 2008 en population générale (BEH, octobre 2013; 33-34 : 425-32). Dans ce travail, sur 4 296 personnes de 75 ans et plus, la prévalence de l’obésité (IMC ≥ 30) s’élève à 14,6%, sans différence selon le sexe, tandis que la maigreur (IMC<21) concerne 14,9% de la population étudiée avec une prédominance féminine. Par rapport aux hommes de corpulence normale, ceux en situation de maigreur ont un risque accru de perte d’autonomie (ORa = 3,7), tout comme ceux en situation d'obésité (ORa = 1,9). Chez les femmes, le risque de perte d’autonomie est augmenté en cas de surpoids (ORa=1,7) et d'obésité (ORa=2,9) mais pas en cas de maigreur, à la différence d'autres données de la littérature. Les auteurs concluent en rappelant le rôle d'une alimentation favorable à la santé des seniors et d’une activité physique adaptée afin de prévenir l’obésité, la maigreur et la perte d’autonomie.
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