Parce que le sous-traitement commence souvent par le sous-diagnostic, les gériatres insistent sur l’importance de la démarche diagnostique chez le sujet âgé. Or, passé un certain âge, cette étape –préalable à toute optimisation thérapeutique – est parfois court-circuitée.
Par exemple, dans la maladie d’Alzheimer, « beaucoup de médecins estiment, au nom de l’absence de traitement curatif, que ce n’est pas la peine de faire un diagnostic précoce. Du coup, toutes les stratégies que l’on met en place pour aider l’aidant, pour éviter les accidents domestiques ou pour éviter de prescrire des médicaments qui augmentent la confusion passent à l’as, regrette le Pr Thomas Vogel. Et, au bout du compte, ces personnes se retrouvent souvent aux urgences à deux heures du matin, dans un milieu hostile et, très rapidement, c’est l’escalade avec la sédation, les pneumopathies les fausses routes, etc. ».
Évaluation et réévaluation
Autre exemple : « Pour une “petite” douleur de poitrine, un sujet âgé se voit souvent prescrire un simple patch de dérivés nitrés sans que l’on pousse plus loin le diagnostic, au prétexte que le patient est vieux et qu’on ne va pas l’embêter », regrette le Dr Antoine Piau. Et d’insister : « Si on fait le diagnostic, on le fait bien ». « Quel que soit l’âge du patient ça vaut toujours le coup de faire un diagnostic, renchérit le Pr Vogel. S’il n’y a pas de diagnostic, il n’y aura jamais de traitement … »
Ensuite, « si le diagnostic est bon logiquement, le traitement suit ». à condition d’avoir pris en compte l’ensemble des spécificités du sujet âgé. à ce titre, l’évaluation gériatrique standardisée constitue l’autre pré-requis d’une véritable optimisation thérapeutique. « Plus que l’âge précis du patient ou qu’une liste de ses antécédents, ce qui est important, c’est de savoir s’il marche tout seul ou non, s’il reconnaît sa famille, s’il peut communiquer », souligne le Dr Piau .
Après l’instauration d’un traitement, la réévaluation de l’état du patient et de son traitement est aussi essentielle : « Il n’y a pas de traitement figé chez le sujet âgé. Alors qu’entre 40 et 60 ans on peut très bien avoir le même traitement qui ne bouge pas, chez le sujet âgé, ce n’est pas possible. Parce qu’il va y avoir des événements intercurrents, parce que la personne va se mettre à chuter, etc. ».
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