EN CAS DE PNEUMONIE, l’agent pathogène le plus souvent retrouvé est Streptococcus pneumoniae (dans 25 % des cas à l’hôpital). En ville, dans 43,8 % des cas, l’identification n’est pas faite (source étude CAPA).
L’âge moyen des patients ayant une pneumonie se situe entre 62 et 67 ans. Or, en 2050, 42 % de la population européenne aura plus de 65 ans. Il s’agit d’un véritable problème de santé publique.
Le risque d’avoir une pneumonie est multiplié de 6 à 10 pour les sujets institutionnalisés et le taux de morbimortalité augmente avec l’âge.
« Malgré les antibiotiques, le taux de mortalité reste incompressible, aux alentours de 12 %. On estime qu’il y a entre 25 et 50 % de souches résistantes aux antibiotiques en France. L’amoxicilline reste l’antibiotique de référence (1 g, 3 fois/jour) » a souligné le Dr Jacques Gaillat (Annecy).
En 2010, la France restait l’un des pays d’Europe dans lequel l’incidence des souches de sensibilité diminuée aux antibiotiques était la plus élevée.
Surinfection de la grippe.
« Grippe et infection à pneumocoque peuvent être considérées comme une association de malfaiteurs, avec des profils de patients à risque comparables », a déclaré le Dr Jean-Marie Cohen (Open Rome, Directeur des GROG). On dénombre chaque année de 2 à 9 millions de cas de grippe en France avec environ 2000 décès chez les personnes âgées. Streptococcus pneumoniae, S. pyogenes, staphylococcus aureus sont les trois germes majeurs en cas de surinfection. Les infections à S. pneumoniae touchent tous les âges, mais surtout les âges extrêmes de la vie. Lors d’une épidémie grippale, les surinfections pneumococciques apparaissent autour du 6e jour après l’infection par le virus de la grippe. De nombreuses études ont montré que chez les personnes âgées de 75 ans et plus, les vaccinations conjointes grippale/pneumococcique diminuaient significativement le risque de décès ainsi que le risque de comorbidités associées.
La réduction de la morbimortalité est dépendante d’une vaccination efficace, d’un diagnostic précoce et d’un traitement précoce. Chez les adultes âgés de 50 ans et plus, le vaccin conjugué 13-valent peut être co-administré avec le vaccin inactivé trivalent contre la grippe saisonnière (respecter un intervalle de 2,5 cm entre deux injections).
Nouvelles recommandations vaccinales.
Il existe deux vaccins antipneumococciques : le vaccin conjugué 13-valent et le vaccin polyosidique 23-valent. Le vaccin conjugué 13-valent a d’abord obtenu son AMM chez les enfants âgés de 6 semaines à 5 ans avec recommandations systématiques avant 2 ans. Puis, il a obtenu une extension d’AMM chez les adultes âgés de plus de 50 ans et les enfants de 5 à 17 ans révolus. Le Haut Conseil de la santé publique vient de proposer une liste commune de personnes éligibles à la vaccination contre le pneumocoque à partir de deux ans d’âge (Avis HCSP avril 2013). Elle distingue les personnes immunodéprimées (aspléniques, infectés par le VIH, sous chimiothérapie, transplantés, greffés…) ou atteintes de syndrome néphrotique et les personnes non immunodéprimées porteuses d’une maladie sous-jacente prédisposant à la survenue d’infections invasives à pneumocoques (IPP). Le HCSP émet des recommandations pour les personnes de 5 ans et plus appartenant à cette liste. Le vaccin pneumococcique conjugué est recommandé en première intention chez les personnes immunodéprimées, atteintes de syndrome néphrotique ou de brèche ostéoméningée ou porteuses d’un implant cochléaire. Le vaccin polyosidique non conjugué est recommandé dans les autres cas (patients à risque non immunodéprimés : insuffisance respiratoire, cardiaque, hépatique…).
Le HCSP indique qu’il n’existe pas actuellement de données permettant de recommander la pratique de revaccinations ultérieures.
Symposium organisé par Pfizer.
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