L’ORDONNANCE à la fin d’une consultation est quasi-systématique lors de 92 % des consultations. Un travail récent a étudié les ressentis des médecins et des patients face à une consultation sans prescription médicamenteuse en soins primaires (Florence Hennion Gasrel) (1). L’étude, qualitative, a été réalisée sur la base d’entretiens semi-directifs individuels et de focus groupes dans la région Nord-Pas-de-Calais. Deux focus groupes et dix entretiens individuels concernant 17 médecins généralistes ainsi que quatre focus groupes concernant 25 patients ont été menés. Certaines consultations sans prescription ont été citées par les médecins et les patients, mais elles restaient peu fréquentes dans la pratique quotidienne. Selon les médecins, l’attente prioritaire des patients était l’écoute et le besoin d’être rassuré. En revanche, l’attente des patients était plus complexe : un traitement, nuancé par une attente importante d’un diagnostic et d’une solution à leur problème. Les médecins éprouvent des difficultés à satisfaire ces attentes par manque de temps, surtout concernant les explications. Les ressentis d’une consultation sans prescription médicamenteuse étaient mitigés : vécue comme inefficace ou valorisante pour les médecins et comme rassurante ou gênante par les patients. L’importance de la relation médecin/malade a été largement soulignée par les deux parties. Pour sortir de l’équation consultation = prescription médicamenteuse, l’éducation et la prévention ont été proposées via des campagnes de santé publique. Le déremboursement des médicaments peut être une solution. Les limites restaient le problème de la démographie médicale et le manque de temps des médecins.
En conclusion, la consultation sans prescription médicale semble possible, dès lors que les explications s’intègrent dans une bonne relation médecin/patient. Les attentes prioritaires des patients et des médecins sont les mêmes, mais des difficultés persistent pour les satisfaire.
Un besoin d’éducation du patient.
Plusieurs études ont montré qu’aux yeux des médecins, les patients constituaient un obstacle à la déprescription. L’étude qualitative par entretiens semi-directifs, présentée lors du congrès a cherché à recueillir l’avis des patients (Marine Crest-Guilluy) (2). 28 patients polymédiqués ont été interrogés. Les patients qui acceptaient la déprescription étaient majoritaires, en quête de responsabilité et d’autonomie. Les patients plus âgés, dépendants, isolés et anxieux, la refusaient, la jugeant risquée et sans avantage. Les obstacles à l’acceptation et à la mise en œuvre de la déprescription étaient la peur ; des médicaments et des pathologies mal connus des patients ; de perdre un bénéfice thérapeutique ; du syndrome de sevrage et du retour des symptômes ; des efforts à fournir et du manque de soutien ; de rompre la confiance avec le médecin. Les solutions proposées alors par les patients pour déprescrire rejoignaient celles des médecins. Pour s’impliquer, le patient a besoin d’éducation et de responsabilisation. Il faut l’aider à se détacher de son traitement et lui offrir des alternatives non médicamenteuses. Le médecin traitant, mieux formé, doit oser déprescrire ; il faudrait créer un « Projet de déprescription personnalisé » pour tout patient polymédiqué, coordonnant tous les professionnels de santé et les aidants.
(1) Abstract n° 50.
(2) Poster n° 72.
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