L’ÉTUDE menée par Merouane Seghouani (1) a été réalisée dans trois cabinets de médecine générale située à Vitry-sur-Seine (94) au Plessis-Robinson (92) et dans le 5e arrondissement de Paris, pendant deux mois.
Une sérologie VIH à réaliser en ville a été systématiquement proposée à tous les patients âgés de 15 à 70 ans (n = 289). Les femmes enceintes et les patients ayant réalisé un test dans l’année étaient exclus (n = 68).
120 femmes et 101 hommes de moyenne d’âge 41,6 ans ont ainsi été inclus dans l’étude. 48,9 % avaient déjà réalisé une sérologie VIH par le passé. 76 % des patients étaient nés en France. 43,4 % des patients avaient un niveau d’études secondaires et 41,6 % un niveau universitaire.
En ce qui concerne les professions, il a été relevé 38 % de cadres, 21,3 % de techniciens et 13,6 % d’ouvriers.
Le niveau de connaissance de la maladie était jugé supérieur dans 19 % des cas, moyen dans 56,6 % et faible dans 20,4 % des cas. Le taux global d’acceptation du test s’est établi à 71,5 %.
Parmi les patients qui ont refusé la proposition du test : 50,8 % ont refusé car ils ne se considéraient pas à risque, 20,6 % car ils avaient déjà réalisé une sérologie VIH par le passé, 14,3 % ne se sentaient pas concernés, 7,9 % ne se justifiaient pas et 6,4 % pour d’autres raisons.
L’acceptation ne semble pas liée à l’âge du patient, ni au sexe, ni au pays de naissance, ni au niveau d’études, ni à la profession exercée, ni à l’existence d’une sérologie VIH antérieure.
L’acceptation dépend de la conviction du médecin.
L’acceptation est essentiellement fonction de l’investigateur : un médecin très bien formé et motivé sera plus convaincant auprès des patients pour leur expliquer l’intérêt de ce dépistage.
L’acceptation semble également liée au niveau de connaissance estimé de la maladie : plus les patients connaissent la maladie et plus ils refusent le dépistage. Ces derniers jugent peut-être qu’ils sont plus aptes à maîtriser eux-mêmes leur état de santé.
La moitié des patients qui ont refusé estimaient qu’ils n’avaient jamais pris de risque. Or les dernières recommandations de la HAS mentionnent bien que le dépistage doit aussi leur être proposé.
Quant au taux de réalisation de la sérologie VIH chez les patients de cette étude, il n’a été que de 36 %.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce taux relativement bas. Notamment, le rôle de l’âge : plus l’âge est avancé et plus le taux de réalisation est élevé, or la population de l’étude était relativement jeune.
La réalisation dépend aussi du niveau d’études et du niveau de connaissance sur l’infection qui, dans l’étude, étaient élevés.
Par ailleurs, la réalisation du test implique un déplacement du patient dans un laboratoire de ville, ce qui peut démotiver certains patients et les faire changer d’avis, malgré la discussion avec leur médecin.
Le caractère non urgent de la sérologie VIH était aussi bien expliqué aux patients et certains ne l’ont pas fait dans les deux mois de l’étude, mais peut-être l’ont-ils fait plus tard…
(1) Abstract n° 227.
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