« Il existe une inadéquation entre les besoins des patients et de la population d’une part, et les modalités de prise en charge des maladies chroniques d’autre part », souligne le Collège de Médecine générale (CMG) dans un nouveau Livre blanc fraîchement publié sur son site Internet (1). Malgré des progrès dans la mobilisation des ressources communautaires, l’incitation à la qualité des soins, le pouvoir d’action du patient sur sa santé, l’organisation de l’éducation thérapeutique et de la pluridisciplinarité ou le développement de nouveaux modes de rémunération, beaucoup reste évidemment à faire pour armer notre système de soins à la hauteur des enjeux des pathologies chroniques. Le Collège met ainsi en lumière plusieurs freins persistants, évoquant « une approche parcellaire de la santé, par pathologies » qui repose sur « des dispositifs segmentés de financement », « une politique de santé publique construite au rythme des annonces gouvernementales », « des dispositifs organisés autour d’une prise en charge hospitalière, excluant de fait les professionnels de soins primaires » ou la « non prise en compte des polypathologies, des maladies intercurrentes et de la qualité de vie des patients dans leur environnement ». Résultat, tout ceci engendre aujourd’hui « une faible lisibilité » du système « pour les patients et pour les professionnels », une piètre efficacité des plans sanitaires et économiques et « une mauvaise utilisation des ressources et des compétences existantes », considère le CMG qui souhaite désormais mieux faire entendre la voix de la médecine générale pour amorcer une nouvelle dynamique dans la prise charge des maladies chroniques au sein de notre système de soins.
Prise en charge globale
C’est dans cette optique que le Livre blanc a vu le jour après une année de travail de synthèse entre les vingt-cinq entités constituant le jeune Collège mis en place il y a quatre ans. « L’idée c’est d’aborder les choses par problématiques plutôt que par pathologies », a expliqué le Dr Marie-Hélène Certain, secrétaire générale du CMG lors d’une séance plénière au congrès. « C’est un élément extrêmement important, car on vit cela tous les jours dans notre métier. On voit des patients, on règle des problèmes, et l’on ne soigne pas uniquement des maladies », ajoute-t-elle. Présenté comme « un outil de travail pour les soignants de premier recours et pour les institutions ayant à voir avec l’organisation du système de soins », ce Livre blanc appuie son argumentation sur une compilation structurée de publications de référence – articles publiés, retours d’expériences, communications dans des congrès. Le document s’organise en deux grandes parties : un premier chapitre portant sur « l’aspect essentiellement organisationnel de la médecine générale en soins primaires » et un deuxième « centré sur les abords plus concrets de la prise en charge des maladies chroniques » et « les complexités » au niveau organisationnel, résume le Dr Éric Drahi, trésorier du collège et coordinateur de ce livre blanc.
Renforcer le rôle du généraliste
Ce livre est enfin l’occasion pour le CMG de faire entendre sa voix sur ce sujet clé en formulant plusieurs propositions structurantes. Afin d’améliorer la prise en charge des maladies chroniques et le parcours du patient, le Collège appelle notamment à « renforcer le rôle du médecin généraliste traitant » par davantage de reconnaissance de cette fonction et de son rôle dans l’organisation des soins de premier recours. Le CMG recommande également de « faciliter la création d’Équipes de santé de premiers recours (ESPR) organisées en maisons de santé pluridisciplinaire et en pôles de santé ». Aux professionnels, le collège recommande enfin une « approche pragmatique » pour leur permettre de « s’approprier progressivement les concepts, les outils et de se mettre en mouvement, à leur rythme ».
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on règle des problèmes, on ne soigne pas uniquement des maladies
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