« ALORS QUE le terme complexe est utilisé dans différentes recommandations et que la notion de complexité de la plaie intervient dans la nomenclature des actes infirmiers, il n’y a pas de définition précise de la plaie complexe », a rappelé le Dr Julie Lano.
Dans la littérature, si l’on se base sur une description anatomique, il s’agit souvent d’une plaie avec perte de substance importante, ou une perte des structures nobles, ostéoarticulaires ou vasculonerveuses. Selon une approche plus globale, il s’agit le plus souvent d’une plaie chronique, dont la complexité découle de quatre types de facteurs. Certains sont inhérents au patient (physiques mais aussi psychologiques et sociaux), d’autres en relation avec la plaie elle-même (ancienneté, taille, localisation, inflammation, infection…), d’autres encore liés aux disponibilités des ressources et/ou du traitement, et des paramètres dépendant des compétences et des connaissances des professionnels.
En pratique on considère qu’une plaie est complexe lorsqu’elle nécessite un geste chirurgical d’excision majeur, qu’elle met en échec une prise en charge antérieure, nécessite une technologie sophistiquée ou multidisciplinaire ou encore une plaie ayant un impact économique important. Mais il semble important de réfléchir à une définition plus précise, notamment pour proposer des solutions adaptées en termes de ressources de soins (relais, réseaux, télémédecine…).
Dans ce contexte, une réflexion a été menée au CHU de Caen pour proposer un score de gravité, et in fine anticiper les risques comme cela a été fait dans certaines maladies systémiques. « Avec l’essor des thérapies ciblées en cancérologie ou les traitements de l’hépatite C, nous voyons de plus en plus de toxidermies pour lesquelles des scores de gravité, permettant par exemple de prévoir une durée d’hospitalisation plus longue, ont été développés. Il serait intéressant d’adapter ce modèle aux plaies chroniques, en prenant en compte un score médical (douleur, étiologie…) et un score global (comorbidités, traitements concomitants qui interfèrent avec la cicatrisation…). Un recueil de données sur toutes les plaies sur 3 mois est en cours de réalisation, afin de tenter de définir une plaie simple, une plaie difficile et une plaie complexe. Se pose bien sûr la question de la pertinence des critères (positifs, négatifs), des seuils pour chaque catégorie de plaie et de la reproductibilité d’un tel score », a souligné le Dr Anne Dompmartin.
De son côté la Société française et francophone des plaies et cicatrisation va mettre en place une enquête prospective auprès de médecins généralistes, spécialistes et infirmières exerçant en libéral, ainsi que dans différents services hospitaliers sur deux plaies vues consécutivement et considérées comme posant un problème. Cette matière première servira de support à la construction d’un index de complexité, avant l’organisation d’une conférence de consensus pour valider les conclusions.
Séance plénière Vulnus. « Les plaies complexes en question ». D’après les communications des Drs Julie Lano (Montpellier), Anne Dompmartin (Caen) et Jean-Charles Kerihuel (Paris).
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