« Nous assistons depuis quelques années à une recrudescence du nombre de luxations congénitales de hanche (LCH) diagnostiquées tardivement, après l’acquisition de la marche, imposant alors un traitement lourd (hospitalisation prolongée et parfois geste chirurgical), alors que la prise en charge précoce est beaucoup plus simple », regrette le Dr Christian Morin. L’enquête prospective réalisée en 2010 par le Dr Christian Morin et le Pr Philippe Wicart, de la Société Française d’Orthopédie Pédiatrique, avait permis de recenser 73 cas de LCH diagnostiqués après l’âge de la marche, ce qui représentait en 2008 quatre diagnostics tardifs pour 100 000 naissances.
Selon cette même enquête, si le dépistage de la LCH est en général effectué à la maternité, où il est d’ailleurs obligatoire à la naissance et avant la sortie du nouveau-né, il l’est moins souvent lors des examens mensuels réguliers, notamment au cours des quatre premiers mois.
Les recommandations sont pourtant simples: dépistage systématique à la naissance, avant la sortie de maternité puis à chaque examen du nourrisson, en particulier au cours des 4 premiers mois et jusqu’à l’âge de la marche d’une instabilité (signe du ressaut ou du piston, pas toujours facile à reconnaître) ou surtout d’une limitation de l’abduction au niveau des hanches et recherche de facteurs de risque (LCH chez les parents ou la fratrie, naissance en siège, syndrome postural -torticolis, genu recurvatum-).
« Avec le temps, les bonnes habitudes se sont perdues et le dépistage de la LCH, en particulier par la recherche d’une limitation de l’abduction, lors des examens à un, deux, et trois mois, est devenu moins systématique, avec les conséquences que l’on connaît », souligne le Dr Morin. Il ne faut pas se contenter d’une radiographie à l’âge de 4 mois, car déjà à ce stade la prise en charge est plus complexe qu’à la naissance.
« Quant à l’échographie, examen qui reste opérateur-dépendant, elle est aujourd’hui réalisée à l’âge de un mois en cas de doute à l’examen clinique ou en présence d’un facteur de risque », poursuit le Dr Morin, avant de rappeler que dans 75 % des cas, la LCH concerne un nouveau -né sans facteur de risque.
La recherche systématique d’une limitation de l’abduction lors des examens cliniques au cours des quatre premiers mois constitue donc le moyen le plus simple pour éviter les dépistages tardifs de la LCH. Des fiches mémo et/ou des vidéos explicatives sont proposées sur le site du Ministère de la santé (1) ainsi que sur celui de la Haute Autorité de Santé(2).
Parmi les mesures privilégiées par les différentes sociétés savantes : mieux informer les généralistes, faire modifier le carnet de santé, et évaluer la place de l’échographie systématique versus l’échographie ciblée à un mois, comme cela se fait en Allemagne.
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