La connaissance de l’embryologie permet de comprendre les anomalies pouvant toucher le cordon ombilical en période néonatale. Le cordon est à l’origine formé de vaisseaux sanguins (deux artères et une veine à la naissance), du canal omphalo-mésentérique et de l’allantoïne (qui devient ensuite l’ouraque à l’origine de la vessie).
À la naissance, plusieurs types d’anomalies peuvent être observées : reliquats embryonnaires (d’origine digestive ou urinaire), fistules, hernie ombilicale.
Une augmentation du calibre du cordon, ou un manque d’homogénéité, doivent faire rechercher une hernie. « Le cordon doit alors être clampé bien au-dessus afin de ne pas léser le tube digestif », insiste le Dr Christophe Elleau. La présence d’une seule artère ombilicale, qui concerne environ 1 % des naissances, doit de son côté faire rechercher des anomalies associées du tube digestif.
L’asepsie du cordon doit être bien expliquée aux parents. Elle se fonde idéalement sur un lavage à l’eau et au savon suivi d’un rinçage puis séchage et maintien au sec. « Le recours systématique aux antiseptiques est discuté car ils sont susceptibles de retarder la cicatrisation », indique le Dr Elleau. « L’organisation mondiale de la santé évalue actuellement l’intérêt de solutés sucrés, qui auraient un effet antibactérien ».
L’utilité du test au nitrate
Après la chute du cordon, la pathologie la plus fréquente est la survenue d’un granulome, dont le risque augmente avec la taille du cordon. Il se manifeste par l’apparition d’une tumeur rougeâtre, suintante, qui ne doit pas être confondue avec une fistule digestive ou ouraquienne (beaucoup moins fréquentes). En cas de doute, le test au nitrate d’argent est très utile en pratique : en effet, il imprègne le granulome qui devient gris et s’effondre, tandis qu’il ne modifie pas les muqueuses.
Le traitement du granulome est lui aussi discuté : l’application de nitrate d’argent (au crayon), si elle est réalisée, doit être minutieuse afin d’éviter une brûlure cutanée. Les habitudes varient selon les pays, certains préconisant tout simplement le mépris. « Ainsi, face à un bourgeon à 8-15 jours, on peut recommander de faire un test diagnostique au nitrate puis de suivre des mesures d’hygiène renforcées, en maintenant bien la zone au sec (hors couches) », précise le Dr Elleau.
Suintement, odeur nauséabonde, inflammation périombilicale font évoquer une omphalite, qui nécessite une prise en charge adaptée : antiseptiques, parfois antibiotiques voire geste chirurgical dans certains cas.
Enfin, face à un retard de chute, franchement pathologique au-delà de 6 semaines, un trouble de l’immunité doit être évoqué et faire adresser le nourrisson à un pédiatre hématologue. Ce retard peut parfois révéler un lupus maternel.
D’après un entretien avec le Dr Christophe Elleau, hôpital Pellegrin, Bordeaux.
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