Quoi de neuf en gériatrie en 2013 ?

Des études intéressantes !

Publié le 07/10/2013
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Crédit photo : PHANIE

Une étude (1) de cohorte Medicare (2,5 millions de personnes), s’intéresse de 2007 à 2009 aux réhospitalisations précoces (dans les 30 jours) après un 1er séjour pour insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde ou pneumonie. Une nouvelle admission survient chez 25 % des patients (329 308 sur 1 330 157) et dans 2/3 des cas dans les 15 jours, plus volontiers après insuffisance cardiaque (25 %) qu’infarctus (20 %) ou pneumonie (20 %). Le motif de réhospitalisation n’est identique à celui du premier séjour que dans 1/3 des cas. Un suivi téléphonique précoce peut-il dépister une fragilité à domicile et prévenir la réhospitalisation ? Le Pr Philippe Chassagne s’interroge sur la T2A : « En favorisant les hospitalisations courtes, aide-t-elle à un retour à domicile de qualité et durable ? »

Troubles cognitifs et insuffisance cardiaque

Bodson et al.(2) ont repéré l’association de troubles cognitifs chez les insuffisants cardiaques non dépendants hospitalisés, grâce aux mots-clés : « insuffisance cardiaque » et « troubles (ou scores) cognitifs » du compte rendu d’hospitalisation (282 patients, âge moyen 80 ans, cohorte de Framingham). La moitié a un trouble cognitif, l’autre non. Des indices de mauvaise santé (taux de décès et/ou réhospitalisation dans les 6 mois) sont corrélés à la sévérité du trouble cognitif (score MMSe) mais aussi à la présence de troubles cognitifs négligés à la sortie (risque x 1,5 de décès et/ou réhospitalisation dans les 6 mois/aux témoins). Pour le Pr Chassagne : « cette évaluation cognitive a un intérêt chez l’insuffisant cardiaque âgé, mais certainement aussi chez d’autres sujets souffrant de maladies chroniques néphrologie, oncologie… »

L’étude multicentrique Belge de Kenis et al (3), pointe les limites de l’évaluation onco-gériatrique : un screening G8 repère la fragilité gériatrique (2 000 patients de plus de 70 ans, 2/3 de femmes) avant le traitement d’un cancer incident ou d’une récidive. Une évaluation gériatrique (EGM), s’avère nécessaire chez 70 % des patients (le score de dépistage étant significatif) dont les conclusions sont transmises aux oncologues. Ceux-ci répondent ensuite à un questionnaire : Avez-vous eu connaissance des conclusions gériatriques ? Réponse : Oui, 61 % des cas - seuls 8 % ne les ont réellement pas reçues. L’EGM vous a-t-elle alertée sur une nouvelle pathologie ? Oui, 50 % des cas. Si oui, avez-vous mis en place des actions pour la soigner ? Oui, ¼ des cas. L’EGM a-t-elle modifié votre décision thérapeutique ? Oui, ¼ des cas… « À quoi bon préconiser des actions pour éviter un pronostic désastreux du malade cancéreux, si elles ne sont entendues ? » s’alarme le Pr Chassagne !

L’étude américaine de Teno et coll. (4) a porté sur 1 300 000 patients âgés vivant en institution, atteints de démence sévères et évalué les moyennes de survie après une hospitalisation pour déshydratation ou une infection ? Les résultats sont éloquents : infection urinaire 146 jours, déshydratation 111 jours, pneumonie 95 jours, septicémie 89 jours. Traiter à l’Hôpital ne modifie pas toujours l’espérance de vie de ces malades très âgés à la santé très précaire : anticipons déshydratations et infections dans cette population !

La vitamine D sans effet dans la gonarthrose

L’étude contrôlée de McAlindon (5) menée sur 146 patients atteints de gonarthrose, d’âge moyen 62 ans, suivis pendant 2 ans, montre que supplémenter en vitamine D à dose suffisante (2000UI/J), ne permet pas de limiter la douleur, la chondrolyse (IRM) ou le recours aux autres traitements (ex : AINS).

Mainous et al (6) ont étudié (cohorte NHANES III, 29 millions d’américains dont 40%, âgés de plus de 75 ans), le pourcentage de sujets ayant une carence martiale fonctionnelle, soit une saturation de la transferrine abaissée .Une saturation inférieure à 20% (observée chez 30% des patients), ou supérieure ou égale à 55% (1, 2% des patients), s’associe à une morbi-ortalité accrue par rapport aux patients dont la saturation est normale.

Et pour finir, la métaanalyse de 23 études de S. Kalantarian et al. (7) repérant chez des patients en FA l’apparition de troubles cognitifs révèle que la FA s’associe à un risque accru de déclin cognitif avec ou sans histoire d’AVC connue…

D’après un entretien avec le Pr Philippe Chassagne, Chef de Service, Médecine Interne Gériatrique, CHU Rouen.

Références:

(1)Kumar Dharmarajan et al. JAMA 2013; 309:355-363

(2)John A. Bodson et al. American Journal of Medecine (2013), 126, 120-126

(3)C. Kenis et al. Annals of Oncology 24: 1306-1312, 2013

(4)Teno, JM et al. JAMA, 2°13 vol 310(3) pp.319-20

(5)McAlindon T et al. JAMA 2013; 309:155-162

(6)Arch G. Mainous et al. JAGS 2013; 61: 132-136

(7)S. Kalantarian et al. Ann Intern Med 2013 ; 158 :338-346

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du Médecin: 9269