L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) touche 1 million de Français. Une fois sur deux elle est asymptomatique, et près d’une fois sur trois associée à un diabète. « Si l’artériopathie est globalement liée à un haut risque cardiovasculaire - la plupart des patients meurent d’une complication cardiovasculaire majeure (infarctus, AVC…) - chez le diabétique, s’y ajoute un haut risque d’amputation. En effet, 50 % des amputations s’effectuent chez des diabétiques. Or après amputation, un patient sur deux meurt dans les 5 ans », souligne le Pr Emmanuel Messas.
Chez le diabétique la maladie est fréquente, précoce, et souvent le fait de lésions distales. Sa clinique est souvent peu nette : la neuropathie diabétique peut masquer la douleur et/ou générer per se des troubles trophiques. « Il faut donc particulièrement y penser en présence d’atteintes microvasculaires (albuminurie, rétinopathie…) puisqu’elles précédent généralement les complications macrovasculaires, chez les fumeurs, les vieux diabétiques, lors de retard de cicatrisation… », note E. Messas. La durée d’exposition aux facteurs de risque cardiovasculaires classiques (hyperglycémie, hyperlipémie…) pèse en effet sur le risque. Et le tabac, comme le diabète, est à lui seul un facteur de risque majeur (RR = 3/diabète, RR = 4/tabac).
Quand revasculariser ?
Il faut distinguer les 3 formes cliniques : asymptomatique, ischémie d’effort (ou claudication intermittente), ischémie permanente (ou critique). « Autant les deux premières relèvent d’abord d’un traitement médical - trithérapie statine/antiagrégant/IEC - avec ré-entrainement à la marche, autant dans l’ischémie critique il faut aller vite à la revascularisation et dilater toutes les occlusions de proximales à distales pour améliorer au maximum la perfusion distale, résume E Messas. L’ischémie critique du diabétique est en effet associée à 30 % de mortalité à 5 ans, et 40 % d’amputation par an ». Il est même utile de revasculariser avant amputation pour favoriser la cicatrisation. On aurait peut-être même intérêt à revasculariser les diabétiques ayant une neuropathie avec troubles trophiques. Des études sont en cours.
D’après la communication du Pr Emmanuel Messas, Paris.
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