LA MÉTHADONE EST maintenant utilisée en France de manière courante pour la substitution aux opiacés comme l’héroïne. Son renouvellement est soumis aux règles des médicaments stupéfiants prescrits sur ordonnance sécurisée valable 15 jours. En 2010, l’AFSSAPS, dans des recommandations de bonne pratique pour la « douleur rebelle en situation palliative avancée chez l’adulte » expose les « modalités d’utilisation, notamment hors AMM, de certains médicaments », dont la méthadone. En effet c’est un médicament prisé dans de nombreux pays pour son effet antalgique, avec des caractéristiques, notamment pharmacoéconomiques, très avantageuses.
Son mode d’action antalgique est triple et repose sur une activité sur les récepteurs µ, sur la recapture des monoamines et sur les récepteurs NMDA. Cependant les interactions médicamenteuses multiples et les possibles allongements du QT en limitent son maniement. De même, ses caractéristiques pharmacologiques en font une molécule à utiliser avec précaution. L’AFSSAPS recommande donc une instauration hospitalière par une équipe habituée.
Devant l’augmentation de la durée de vie des patients avec un cancer, et l’augmentation des douleurs occasionnées, la méthadone se positionne en traitement de dernier recours, le plus souvent efficace, avec une sûreté d’emploi reconnue par de nombreuses équipes internationales. Lors de ce congrès, elle a fait l’objet d’un poster spécifique par l’équipe de médecine palliative du CHU de Lyon, qui présente ses résultats d’étude de l’efficacité de la méthadone dans les douleurs cancéreuses. En effet, si les équipes américaines, italiennes, allemandes, ou brésiliennes utilisent la méthadone depuis de nombreuses années, en France son usage est anecdotique, mais pourrait s’étendre. Ainsi, 15 patients avec une douleur liée à un cancer ont été traités par l’équipe lyonnaise. Ils ont observé une diminution de l’intensité de la douleur jusqu’à 4,5 points sur l’échelle numérique.
Ces résultats soulignent donc l’intérêt de la méthadone. Elle s’avère particulièrement intéressante dans des situations palliatives avec des douleurs complexes souvent rebelles aux différents traitements. Par conséquent, une utilisation progressive en France de la méthadone dans les champs de la douleur et non dans la substitution uniquement fait l’objet de partage d’expérience.
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