« ACCOMPAGNER les patients en fin de vie demande de l’anticipation, du temps et de l’énergie, expose le Dr Robert Lestrat, qui exerce la médecine générale en banlieue parisienne. Cet accompagnement est difficile, d’autant qu’il s’agit souvent de patients relativement jeunes souffrant d’un cancer en fin d’évolution. Envisager la fin de vie à domicile implique en effet que la famille puisse être présente autour du patient, ce qui n’est pas toujours possible chez les sujets très âgés. Ces patients jeunes, pour lesquels les hôpitaux ne sont plus d’aucun recours, et leur famille préfèrent souvent " être à la maison ", car " c’est plus humain ". Il est important de pouvoir anticiper la fin de vie, de trouver le bon moment pour en parler avec le patient et sa famille. Le praticien doit s’investir avant pour ne pas être débordé le moment venu », souligne le Dr Lestrat qui regrette que, face à la mort, le médecin soit souvent l’unique interlocuteur, les autres soignants « refusant » cette tâche. Dans ce contexte, le Dr Lestrat apprécie l’aide apporté par son interne.
Fort engagement moral et éthique.
Pour le médecin, l’engagement moral et éthique est fort. « Je reste joignable sur mon portable jour et nuit et j’essaye d’anticiper au jour le jour. Parfois, une aggravation brutale survient, qui suscite beaucoup d’angoisses et de craintes. Lorsqu’une famille fait appel au 15, le patient est en général hospitalisé. Si elle me contacte, je peux, en relation avec le réseau de soins palliatifs, trouver des moyens plus " humains " d’aider le patient », estime le Dr Lestrat, tout en soulignant l’apport des soins palliatifs et des équipes mobiles. « Auparavant, nous étions vraiment seuls, c’était très lourd. Désormais, nous sommes encore forcément seuls face au patient et sa famille, mais la présence du réseau de soins palliatifs, qui connaît le patient, est une aide précieuse, au quotidien mais aussi plus largement au travers de séminaires de réflexion sur la problématique de la fin de vie », poursuit le Dr Lestrat, qui attend beaucoup des futures propositions de la mission Sicard. « Sur le terrain, la loi Leonetti ne nous aide pas beaucoup, nous met souvent en porte-à-faux. Notamment, tous les patients ne réagissent pas de la même manière aux sédatifs, l’agonie peut durer plusieurs jours et cela est parfois très mal vécu par la famille. En tant que médecin, je tiens à la dignité de ces patients que j’ai connus avant, en bonne santé », conclut-il.
D’après un entretien avec le Dr Robert Lestrat, médecin généraliste, Nanterre
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