Le policier, l’ingénieur, le juge ou le médecin peuvent certifier. Ce privilège exige probité et expertise. En tant que médecin, j’ai été amené à certifier l’aptitude à jouer à la pétanque ou à autoriser la gymnastique à la maternelle. Encore plus sérieusement, par la force de ma plume, je peux dispenser un senior de voyage organisé, interdire à un pharmacien de lui délivrer des génériques ou modifier la zone d’un médicament sur son ordonnance bizone…
Quand il s’agit d’argent, la responsabilité de l’expert et de son tampon encreur deviennent maximales. L’évaluation de l’équilibre psychosomatique d’un emprunteur engage l’avenir financier de sa compagnie d’assurance. L’incompréhension de la subtilité de la grille AGGIR* influe sur notre solidarité nationale…
Le pouvoir des experts et le poids du papier augmentent en proportion de l’infantilisation. Certes, les médecins paient un lourd tribut aux formulaires, car la précaution a envahi la médecine avant d’atteindre la société. Si ce temps gâché à certifier des évidences se fait au détriment de notre temps passé au chevet des vrais malades, reconnaissons que la logique du paiement à l’acte retarde une révolte salutaire des médecins contre ces stupidités.
Dernier ouvrage paru : Les nouveaux paradoxes de la médecine. Éditions Le Pommier 2 012
* Outil d’Évaluation de l’autonomie
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