LE SUIVI de la femme enceinte, jusqu’à 26-28 semaines d’aménorrhée (SA), fait encore partie de la pratique quotidienne du médecin généraliste, surtout lorsqu’il exerce en milieu rural. En ville, faute de matériel et de temps, le suivi de grossesse est moins fréquemment pratiqué, sauf dans les centres de santé. « Le médecin généraliste peut assurer le suivi classique d’une femme enceinte qui ne présente pas de complications graves. Ce suivi doit se faire dans le cadre d’un réseau de périnatalité, ce qui permet un relais hospitalier en cas de souci ne pouvant être géré en ville et une formation continue régulière », expose le Dr Narada Phlek, avant de rajouter que « la grossesse n’est pas une maladie et que dans la majorité des cas, tout se passe bien ».
Le suivi est généralement mensuel, clinique et biologique (sérologies en début de grossesse, bandelettes urinaires). Le bilan biologique est orienté en fonction des antécédents et des facteurs de risque.
Au cours du premier trimestre, la survenue de métrorragies est un motif fréquent de consultation et leur prise en charge par le généraliste permet de rassurer la femme tout en désengorgeant les urgences gynécologiques. « Il faut bien sûr travailler en étroite collaboration avec un correspondant échographiste, qui pourra le cas échéant recevoir la patiente en urgence. À 12 SA, c’est également l’échographiste du réseau qui assurera l’examen de dépistage de la trisomie 21, dépistage combiné dont les enjeux doivent être parfaitement bien expliqués aux femmes », rappelle le Dr Phlek.
Les femmes enceintes facilement stressées.
Les femmes consultent également pour tout problème intercurrent - fièvre, rhume… -, le médecin généraliste ayant une vision très globale. « Les femmes enceintes, surtout les primigestes, sont souvent inquiètes, facilement stressées, ce qui s’explique d’ailleurs tout à fait par les modifications hormonales. Le fait de pouvoir consulter facilement est pour elles très rassurant et elles apprécient le suivi de proximité. Le médecin généraliste peut répondre à leurs interrogations, concernant notamment l’allaitement, et les aider à faire face aux petits soucis du quotidien : inscription à la maternité, à la crèche. Tout cela prend évidemment du temps et en tout cas pour les deux premières consultations, il faut compter au moins trente minutes. Ce qui explique que de nombreux praticiens n’aient pas la possibilité matérielle de réaliser ce type de suivi.
Mais pour le praticien, suivre une femme enceinte et ensuite son nouveau-né, c’est toujours beaucoup de bonheur », conclut le Dr Narada Phlek.
D’après un entretien avec le Dr Narada Phlek, médecin généraliste en centre de santé. Ile de France
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