L’ARTHROSE EST LA PLUS FRÉQUENTE des maladies articulaires et son incidence augmente avec l’âge. Elle représente un véritable problème de santé publique et génère plusieurs milliards de dépenses de santé chaque année. Chez le sujet âgé, souvent en situation de fragilité (état entre la bonne santé et la maladie), elle constitue un facteur de risque de basculement vers la maladie.
Les recommandations internationales (Eular, American college of rheumatology, Société américaine d’orthopédie, NICE, ou OARSI) convergent pour souligner la nécessité d’une prise en charge personnalisée de l’arthrose, prenant en compte l’âge, le sexe et les comorbidités.
Le traitement de l’arthrose, maladie chronique et douloureuse, doit faire appel à des moyens pharmacologiques et non pharmacologiques, locaux et généraux.
Les traitements pharmacologiques locaux sont représentés par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en topique (qui sont aussi efficaces que les AINS per os pour les mains et les genoux, et mieux tolérés), les infiltrations de corticoïdes (qui peuvent casser une poussée inflammatoire) et les injections d’acide hyaluronique au niveau du genou (jusqu’à 3 injections avec ensuite renouvellement une fois par an en cas d’efficacité initiale). Le traitement pharmacologique général doit se fonder en première intention sur le paracétamol, à bonne dose (jusqu’à 4g/ 24h réparties régulièrement), qui présente l’avantage de sa bonne tolérance et de ne pas poser de problème d’interactions avec les éventuels autres médicaments pris par le patient. Les AINS ne doivent être envisagés qu’en cas d’échec du paracétamol, à la posologie la plus faible possible pour une durée la plus courte possible, en association à un inhibiteur de la pompe à protons.
« Les antalgiques de paliers 2 risquent de faire basculer un patient fragile du fait de leurs effets secondaires. Ceux de palier 3 sont à éviter chez le sujet âgé, même si la morphine en intra-articulaire peut aider dans certains cas particuliers, note le Pr Bernard Mazières. Quant aux anti-arthrosiques d’action lente, ils ne sont en général utiles qu’en cas d’arthrose peu évoluée, ce qui est rarement le cas chez le sujet âgé ».
Alors que les traitements pharmacologiques visent à calmer la douleur, les moyens non pharmacologiques ont pour but d’améliorer la fonction articulaire. En premier lieu, il faut favoriser la pratique d’exercices, si besoin en recourant à quelques séances de kinésithérapie à visée pédagogique. Ceci doit conduire le patient à pratiquer de façon naturelle la marche, le vélo ou la natation, ce qui permet de retrouver une autonomie et d’entretenir la musculature ».
Des aides techniques peuvent être proposées : orthèses (genouillère, chevillière, orthèse de la base du pouce) et cannes, diplomatiquement rebaptisées « bâtons de marche », qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la gonarthrose (canne du côté opposé).
La perte de poids est bien sûr utile, mais il s’agit d’une prise en charge spécifique difficile à mettre en place chez un octogénaire.
L’éducation thérapeutique est essentielle pour informer et définir des objectifs avec le patient.
Les cures thermales sont efficaces dans la gonarthrose, sans doute du fait de la conjonction des effets du cocooning, de l’éducation thérapeutique et des soins physiques. En pratique, une cure peut être proposée au patient et renouvelée l’année suivante si des bénéfices ont été observés dans les 6 à 9 mois qui ont suivi.
Enfin, il ne faut pas oublier la chirurgie –prothèse totale de hanche ou de genou- pour laquelle l’âge n’est pas une contre-indication en soi.
D’après un entretien avec le Pr Bernard Mazières, centre de rhumatologie, hôpital Purpan, CHU, Toulouse.
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