Une année 2025 très chargée pour les instances professionnelles

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Publié le 25/04/2025
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La mise en place du dépistage du cancer bronchique sera un des gros chantiers de 2025 pour la SPLF et le CPHG. De son côté, le SAR va se mobiliser sur le dossier des orthèses d’avancées mandibulaires et la télésurveillance.

L’étude Impulsion sera d’abord mise en place dans cinq territoires

L’étude Impulsion sera d’abord mise en place dans cinq territoires
Crédit photo : SYSPEO/SIPA

Pour la Société française de pneumologie (SPLF), « le gros chantier de 2025 sera bien sûr la mise en place du dépistage du cancer bronchique, indique la Pr Claire Andrejak, sa présidente. La SPLF a beaucoup travaillé sur ce projet en 2024, et soutient aujourd’hui l’étude lancée par l’Inca pour évaluer les conditions optimales d’organisation du dépistage en les adaptant aux spécificités du territoire. »

Nommé Impulsion, ce projet de recherche est coordonné conjointement par un pneumologue et une radiologue : le Pr Sébastien Couraud (Hospices civils de Lyon) et la Pr Marie-Pierre Revel (AP-HP). « La mise en place de ce dépistage est évidemment un enjeu très important. Le but est de pouvoir évaluer sa faisabilité chez des personnes de 50 à 74 ans ayant des facteurs de risque, en particulier un tabagisme encore actif ou sevré depuis moins de quinze ans. Ce dépistage a aujourd’hui fait la preuve de son efficacité pour détecter des tumeurs localisées, qu’il est possible de guérir », indique la Pr Andrejak.

Un autre dossier important pour la SPLF est celui du développement des prescriptions écoresponsables. « On souhaite travailler, avec certains de nos groupes de travail, avec l’ANSM et l’Assurance-maladie, pour pouvoir prendre en compte à la fois l’empreinte carbone des différents traitements inhalés mais aussi la nécessité d’avoir une bonne observance des patients, avec un traitement de fond efficace, pour limiter la consommation de soins d’urgence (délétères pour les patients et coûteux en carbone). Il y a donc une balance bénéfices-risques, qui n’est pas toujours simple à faire », indique la présidente de la SPLF.

Ensuite, la société savante souhaite continuer à se mobiliser pour améliorer le diagnostic de la BPCO et de l’asthme. « Il y a aujourd’hui de nombreux patients étiquetés BPCO mais qui n’ont jamais eu de spirométrie. Certains prennent peut-être des traitements inutiles. À l’inverse, il y a aussi beaucoup de patients qui ne sont pas diagnostiqués et donc pas traités. Il est important de développer la pratique de la spirométrie. »

La mobilisation du CPHG sur le dépistage

La mise en place du dépistage du cancer du poumon sera aussi l’un des « grands chantiers » du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) en 2025. « On souhaite être prêts pour participer à l’étude Impulsion, qui va se mettre en place d’abord dans cinq régions, puis sur l’ensemble du territoire début 2026, indique son président, le Dr Hugues Morel. Dans chaque région, il va falloir nous rapprocher des radiologues, des généralistes et des addictologues pour les consultations antitabac. La volonté de l’Inca est d’assurer un maillage du territoire le plus large possible. C’est une nécessité si on veut assurer une réelle équité. Aujourd’hui, on constate en effet que ce sont plutôt des CSP + qui sont inclus dans les études », ajoute-t-il.

Le CPHG va aussi mettre en place une étude sur les patients hospitalisés pour des exacerbations de BPCO (lire p. 48). « Il s’agit d’une étude observationnelle prospective, qui sera conduite sur tout le territoire entre octobre 2025 et septembre 2026. L’objectif est de mesurer la survie et les facteurs prédictifs de survie à trois ans de ces patients. Les résultats pourront être comparés avec ceux d’une étude similaire menée en 2006. On veut voir le chemin parcouru avec les biothérapies et le parcours de soins des patients », indique le Dr Morel. « Les études observationnelles, c’est un peu la force des hôpitaux généraux », souligne-t-il.

Le CPHG s’est aussi associé avec la Fondation du souffle pour le lancement d’une bourse de 30 000 euros (lire p. 46). « C’est parfois difficile pour les centres hospitaliers non universitaires de répondre à des appels à projets axés sur la recherche fondamentale. Cette bourse de 30 000 euros pourra permettre à des centres désireux de se lancer dans des recherches de boucler leurs financements », indique le Dr Morel.

Les priorités des pneumologues libéraux pour 2025

L’année 2025 s’annonce aussi très active pour le Syndical national de l’appareil respiratoire (SAR). « Le syndicat a continué à se moderniser. Nous avons revu notre site internet, et diffusons désormais des newsletters. Et surtout, nous avons de plus en plus d’adhérents, et notamment de jeunes et de nouveaux installés. Ce qui est une grande satisfaction », indique son président, le Dr Bruno Stach, par ailleurs vice-président du Conseil national professionnel.

Un fait marquant de l’année écoulée a bien sûr été la signature de la convention médicale. « Une avancée concerne les équipes de soins spécialisées, qui font maintenant partie intégrante de la convention. Pour les financements, il n’y a plus besoin de passer par les fonds FIR de l’ARS. Pour ces équipes, il y a des fonds conventionnels, qui ne sont certes pas énormes, mais qui existent : 80 000 euros pour le projet une fois initié, puis 50 000 euros par an. Ensuite, les fonds vont crescendo, en fonction du nombre de pneumologues adhérents au projet », indique le Dr Stach.

Un autre dossier important est celui des orthèses d’avancées mandibulaires (lire p. 53). « Il y a une certaine pression de la Caisse et du ministère pour en prescrire davantage, au-delà de 30 % de l’ensemble des prescriptions pour les syndromes d’apnées du sommeil. C’est un objectif inscrit dans la convention médicale. Le problème est qu’il faudrait un suivi pour s’assurer de la bonne observance des patients. Avec les machines, les patients sont télésurveillés, et on sait précisément s’ils suivent le traitement. Cela n’est pas le cas pour les orthèses. Il faudrait mettre en place une organisation du parcours de soins pour celles-ci », estime le Dr Stach.

Le SAR est également mobilisé pour aider les pneumologues libéraux à remplir les objectifs du Ségur du numérique. « On est dans la phase 2 et, pour les cabinets libéraux, qui ne sont pas de grosses structures, cela n’est pas simple de mettre en place les ordonnances numérisées, l’identifiant national santé, l’espace santé du patient… Un autre enjeu est le développement de la télésurveillance, entrée dans le droit commun en 2023. Il est extrêmement important que l’ensemble de la pneumologie, et en particulier les pneumologues libéraux, se mobilisent pour que l’acte de télésurveillance, dont on sait l’utilité pour nos patients, puisse se pérenniser dans les années à venir. Il faut donc mettre un maximum de patients (sous VNI et en ALD-14) sous télésurveillance. Nous travaillons actuellement, sous l’égide de la Fédération française de pneumologie, notre CNP, à proposer des outils de facilitation pour pouvoir réaliser cet acte, indique le Dr Stach, en invitant les pneumologues à se rapprocher de l’association Belvedair pour s’informer. Un dernier chantier est celui de la multiplication des réunions de concertation pluridisciplinaire (cancer, asthme sévère, fibroses, BPCO). C’est essentiel mais très chronophage et peu valorisé pour les libéraux. »

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du Médecin