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La génomique au service du cœur

Publié le 13/03/2014
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La prodigieuse évolution de la génomique ces dernières années a permis d’envisager une cinquantaine d’hypothèses physiopathologiques dans le domaine cardiovasculaire. Depuis peu, on essaye d’utiliser les connaissances issues de la physiopathologie pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Un exemple : la maladie de Marfan. Cette maladie d’origine génétique est connue pour être le plus souvent liée à une mutation du gène codant pour la fibrilline de type 1. Ces dernières années, la physiopathologie s’est enrichie de l’implication de la voie de signalisation TGF-bêta. Les chercheurs ont mis en évidence que cette voie était majeure dans la physiopathologie de la maladie de Marfan et ont développé des thérapeutiques qui la visent. Les essais avec le losartan, anti-TGF, furent extrêmement encourageants chez la souris. Plusieurs études sont en cours dont une, parue récemment, qui montre que ce médicament ralentit la dilatation de l’aorte chez les patients atteints du syndrome de Marfan (1). Cette étude prospective a été menée chez 233 patients dont les deux tiers prenaient déjà un bêtabloquant et 27 % avaient subi une intervention chirurgicale au niveau de la racine aortique.

La connaissance du génome amène aussi vers des essais de thérapie génique. Ainsi, quelle que soit la cause d’une insuffisance cardiaque, on observe une diminution de l’expression et/ou de l’activité du gène SERCA2a. Dans le cadre de l’étude CUPID (Calcium Upregulation by Percutaneous administration of gene therapy In Cardiac disease), les patients ont reçu, par cathétérisme coronarien, en sus d’un traitement médical optimisé, soit le gène SERCA2a délivré par un vecteur viral classique, soit un placebo. Trente-neuf patients ont été inclus. Au bout de 3 ans, 13 sont décédés mais le maintien du gêne de SERCA2a a été établi chez les survivants et l’amélioration clinique confirmée dans le groupe traité avec une dose élevée du vecteur. Une phase internationale 2b/3 de cet essai est programmée (2).

Des essais de correction d’un gène défectueux dans certaines formes d’amylose sont également envisagés.

Communication du Dr Philippe Charron, cardiologue, GH La Pitié Salpêtrière-Charles Foix, Paris

(1) Etude COMPARE (COzaar in Marfan Patients Reduces aortic Enlargement), présentée par le Pr Marteen Groenink (Amsterdam), Congrès de l’ESC, septembre 2013.

(2) Présentation de Roger Hajar (New York) lors de 24es Journées européennnes de la SFC, 17 janvier 2014.

Dr B. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9309