Une enquête de 2011 de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) estime qu’à l’hôpital, le surcoût du séjour d’un patient ayant acquis une escarre est de 4 500 euros et l’allongement de la durée de séjour de 9,8 jours.
Tous les ans, en France, 53 000 patients sortent de l’hôpital avec au moins une escarre et représentent ainsi un peu plus de 20 % des 245 000 personnes qui sont prises en charge à domicile annuellement pour des ulcères et/ou des escarres. Là encore, le coût estimé de la prise en charge en soins à domicile est considérable : 700 millions d’euros qui n’incluent pas les frais d’hospitalisation et de transports.
S’appuyant sur ces données et sur celles de l’enquête nationale PERSE de 2004 indiquant une prévalence annuelle de cette pathologie chez les patients hospitalisés de 9 %, l’ARS Ile-de-France qui estime à 60 000 le nombre de Franciliens souffrant d’escarres, a décidé en juin 2013 de mettre en place une campagne de réduction des risques intitulée : « Sauve ma peau, maîtriser le risque escarre ».
De septembre 2013 à juin 2014, les 224 établissements sanitaires et médico-sociaux participants à l’opération ont ainsi mis en œuvre des pratiques destinées à éviter les escarres graves et la souffrance qui en résulte, diminuer la charge de travail et la sensation d’échec ressentie par les professionnels et réduire significativement le surcoût engendré pour la collectivité.
Une réduction de la survenue d’escarres de 10 %
Concrètement, les professionnels se sont engagés à mettre en œuvre cinq bonnes pratiques à fort impact sur le risque de survenue d’escarre, identifiées préalablement par leurs collègues d’établissements : traiter tôt l’escarre dès la rougeur, former les professionnels et éduquer les patients et leur entourage, assurer une prise en charge pluridisciplinaire (infirmières, médecins, aides-soignantes, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciennes, diététiciennes, etc.), évaluer et réévaluer le risque d’escarre au sein des établissements et enfin, pour le patient à risque, changer de position régulièrement et utiliser les supports adaptés.
Pour estimer les économies réalisées, les personnels des établissements volontaires ont identifié, dès leur admission, les patients à risque d’escarre et surveillé leur état cutané. Les données récoltées ont servi à alimenter 4 compteurs spécifiques : nombre de patients dépistés à risque, nombre de patients n’ayant pas développé d’escarre, nombre de patients ayant développé une escarre dès la rougeur, nombre de patients ayant développé une escarre à un stade plus avancé.
Après 9 mois de mise en œuvre, le bilan indique une réduction effective de la survenue d’escarres chez les patients à risque : sur 27 903 patients, 1 435 ont constitué une escarre de stade 1 et 953 une escarre de stade 2,3 ou 4. Seulement 3,4 % de ces patients ont développé des escarres nécessitant des pansements, alors que la proportion attendue était de 14 à 17 %. L’ARS estime ainsi que l’on a évité à au moins 10 % (fourchette basse) des patients à risque (2 790 personnes) de développer des escarres. Ce sont au final 12 millions d’euros d’économies qui ont été générées sur la période.
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