LA PROBLÉMATIQUE de l’impact de l’environnement sur les cancers n’est pas nouvelle. « Il y a 50 ans, Sir Richardson avait estimé que 40 % des cancers étaient liés à l’environnement. Un chiffre jamais réellement infirmé », note le Pr Michel Marty (CHU Saint-Louis, Paris). Depuis, cette préoccupation s’est inscrite de façon croissante en santé publique comme en témoignent le Plan cancer II, le Plan national santé-environnement 2 (PNSE), le Plan santé travail et la conférence environnementale. « C’est aussi une interrogation de plus en plus marquée chez les patients atteints de cancer. Et un enjeu de recherche très important puisque les risques comportementaux et environnementaux sont délicats à cerner en épidémiologie classique », selon le Pr Marty.
En effet, s’il est relativement aisé de qualifier des carcinogènes puissants comme le benzène ou les rayonnements gamma, « il est autrement plus difficile d’identifier les éléments ayant isolément un potentiel carcinogène faible qui vont agir ensemble ou séquentiellement avec d’autres carcinogènes faibles », explique le Pr Marty. D’autant qu’il n’y a pas nécessairement de relation dose effet, qu’il existe des périodes critique telle l’embryogenèse, comme pour les cancers vaginaux chez les filles distilbène, éventuellement un effet transgénérationnel (distilbène également) et qu’il peut exister des interactions entre des gènes prédisposant eux-mêmes faiblement aux tumeurs et des carcinogènes faibles qui, en association, vont exercer un effet carcinogène puissant… « Les notions de fenêtre d’exposition, les effets observés à faible dose et l’absence de logique dose/effet pour certaines expositions doivent faire modifier nos modes de pensée habituels », résume le Dr Béatrice Fervers (Centre Léon-Bérard, Lyon).
Du coup, malgré des progrès et la mise en évidence effective du rôle de l’environnement dans certains cancers, de nombreuses incertitudes persistent. « Elles reflètent les difficultés à mesurer les expositions, souvent multiples, à évaluer les interactions encore mal connues et à établir, in fine, des relations causales. D’où le classement des agents en fonction du degré de preuve en plusieurs groupes (voir www.sante-environnement.fr) notamment le groupe 1 des carcinogènes certains – que viennent de rejoindre les particules fines de diesel – et le groupe 2B des agents possiblement carcinogènes mais sans preuves avérées, comme les ondes électromagnétiques des téléphones portables… », rappelle le Dr Fervers.
Malgré tout, le cancer constitue la première crainte de maladie liée à l’environnement dans le public. Dans le baromètre INPES Santé Environnement 2007, 44 % des personnes estimaient courir un risque plutôt élevé de cancer lié à l’environnement.
Conférence de presse M. Marty.
B. Fervers. Cancer et environnement : état des lieux.
A. Massardier-Pilonchery. Cancer professionnel.
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