La fin de l’année 2014 aura été plutôt rude pour Marisol Touraine, confrontée à la colère et l’inquiétude de très nombreux médecins libéraux, opposés à certaines dispositions contenues dans son projet de loi sur la santé. Annoncé pour janvier à l’Assemblée nationale, ce texte devrait finalement être discuté en avril. « Il confirme la volonté des pouvoirs publics de donner toute la priorité à l’hôpital public, avec une volonté d’étatisation du système de santé libéral et de disparition de la médecine de proximité, notamment spécialisée », estime le Dr Bruno Stach, président du syndicat de l’appareil respiratoire (SAR).
Ce mouvement des médecins libéraux s’est largement focalisé sur la généralisation du tiers payant. « C’est une absurdité de vouloir rendre obligatoire le tiers payant, affirme le Dr Stach. Aujourd’hui, nous le pratiquons déjà pour tous les patients qui sont dans une situation difficile sur un plan financier ou en CMU, ALD… Cela ne sert donc à rien de l’imposer pour tout le monde. Le risque est de mettre en place un système impossible à gérer pour le médecin. Ce n’est pas son métier que de se préoccuper si tel patient a bien déclaré son médecin traitant ou si tel autre est à jour de sa cotisation de mutuelle (nombreuses !). Et nous n’avons pas le temps de courir après les remboursements pour chacun de nos patients. Rappelons aussi que les renoncements aux soins, si décriés par notre ministre, concernent surtout les soins d’optique et dentaires et que dans ce cadre la généralisation du tiers payant n’y changera rien ».
Le Dr Stach dénonce aussi la montée en puissance des agences régionales de santé (ARS). « On sent vraiment une volonté d’étatisation du système avec une mise à l’écart de la médecine libérale. C’est particulièrement net pour les spécialistes libéraux. Par exemple, dans tous les parcours de soins qui sont promus par les ARS, les médecins spécialistes libéraux sont quasiment toujours mis de côté. Tout est fait pour favoriser l’envoi direct des patients à l’hôpital par les généralistes », souligne le Dr Stach, en ajoutant que cette approche méconnaît les réalités du terrain. « Dans la vraie vie, cela ne se passe pas du tout comme cela. En réalité, la plupart des généralistes ont des relations privilégiées avec des correspondants spécialistes libéraux. Et nous répondons évidemment bien volontiers aux sollicitations de nos confrères. C’est aussi oublier que les pneumologues libéraux ont très souvent un pied à l’hôpital, ce qui peut être un atout pour optimiser le parcours de soins », souligne le président du SAR.
Selon le Dr Stach, il y a une volonté du gouvernement de « mettre sous tutelle » les médecins libéraux. « Ce qui est préoccupant, c’est aussi de voir tous les projets, par exemple sur les parcours de soins, mis en place dans les régions avec un risque de démantèlement de la convention nationale », indique-t-il, avant d’évoquer la « grogne tarifaire », particulièrement forte selon lui. « C’est en 2005 qu’on est passé de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) à la classification commune des actes médicaux (CCAM). Depuis, aucun acte n’a été revalorisé dans notre spécialité alors que, dans le même temps, le poids de nos charges n’a cessé d’augmenter, comme cela était prévu avec les revalorisations régulières du coût de la pratique. Pour continuer à faire vivre nos cabinets, nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter notre activité et de voir plus de patients ».
D’après un entretien avec le Dr Bruno Stach, président du syndicat de l’appareil respiratoire
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