MSF s’inquiète de la recrudescence de l’épidémie d’Ebola et appelle à la mobilisation

Publié le 23/06/2014
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Crédit photo : AFP

L’épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola qui semblait s’infléchir, s’étend de nouveau. Depuis le début de l’année, elle a fait 337 morts dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, chiffre en hausse de 60 % en quinze jours, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « L’épidémie est hors de contrôle », s’inquiète le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de Médecins sans frontières. « Avec l’apparition de nouveaux foyers en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, le risque d’une propagation à d’autres zones est aujourd’hui réel », poursuit l’association.

Plus de 300 décès

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense depuis le début de l’épidémie, 528 cas d’Ebola dont 337 décès en Guinée, Sierra Leone et au Liberia. À la fin du mois d’avril, le nombre de cas dans les 3 pays était de 225. La Guinée, le premier pays touché, compte à lui seul 398 cas dont 264 décès. Ce rebond interroge. Selon Pierre Formenty (OMS) interrogé par l’AFP, cette deuxième vague épidémique serait peut-être due à un « relâchement de l’ensemble des équipes dans les trois pays, et ce relâchement a fait que l’épidémie est repartie ».

De son côté, MSF, estime que la recrudescence de cas d’Ebola en Afrique de l’Ouest est liée « à la mobilité de la population qui assiste à des funérailles où les mesures de contrôle de l’infection ne sont pas appliquées ». Près de 470 patients dont 215 cas confirmés ont été pris en charge dans les centres de traitement de MSF depuis le mois de mars en Guinée, au Liberia et Sierra Leone. « La multiplication des zones touchées rend difficile la prise en charge des patients et le contrôle de l’épidémie », souligne l’association qui est, à ce jour, l’unique organisation active dans la prise en charge des patients atteints du virus et qui avoue avoir des difficultés « à répondre aux nouveaux foyers qui nécessitent pourtant une prise en charge urgente ». Soixante foyers actifs ont été identifiés les trois pays touchés.

« Nous avons atteint nos limites, indique le Dr Bart Janssens. Malgré les moyens humains et matériels déployés par MSF dans les trois pays touchés, nous n’avons plus la capacité d’envoyer des équipes sur les nouveaux foyers actifs. »

L’ampleur de l’épidémie sous-estimée

MSF estime que malgré la présence d’organisations sur le terrain « les actions de sensibilisation entreprises à ce jour n’ont pas permis de réduire la crainte de la population face à l’Ebola. Les communautés continuent d’être effrayées par une maladie qui est totalement inconnue dans la région, et elles restent méfiantes à l’égard des structures de santé ». L’association déplore aussi le manque de « réelle reconnaissance de l’ampleur de cette épidémie par la société civile, les autorités politiques et religieuses. Très peu de personnalités influentes se sont fait le relais de messages encourageant la lutte contre la maladie ». Elle en appelle à l’OMS, aux autorités des pays touchés et des pays limitrophes. Les efforts à déployer compte tenu de l’ampleur de l’épidémie doivent comprendre selon MSF : la mise à disposition du personnel médical qualifié, l’organisation de formations à la prise en charge de l’infection à virus Ebola et l’intensification du suivi des contacts et la sensibilisation auprès des populations.

MSF appuie les autorités sanitaires pour la prise en charge médicale des patients en Guinée (Conakry, Télimélé et Guéckédou). Ses équipes répondent aux alertes dans les villages, sensibilisent les communautés et offrent un soutien psychologique aux patients et à leurs familles. L’organisation humanitaire apporte également un soutien au suivi épidémiologique. MSF est aussi présente en Sierra Leone et au Liberia. Près de 470 patients dont 215 cas confirmés ont été pris en charge dans les centres de traitement de MSF.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr
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