Ebola : les contrôles à l’arrivée des voyageurs toujours en cours de discussion

Publié le 14/10/2014
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Crédit photo : AFP

Une discussion a été engagée entre le ministère des affaires sociales et de la santé, la direction de l’aviation civile, le ministère des affaires étrangères et Aéroport de Paris, afin d’étudier la faisabilité de contrôles systématiques à l’arrivée des voyageurs provenant de Guinée du Sierra Leone ou du Liberia.

Cet échange, déjà évoqué par la ministre des affaires sociales et de la santé Marisol Touraine vendredi dernier, a été confirmée aujourd’hui au « Quotidien » par le ministère. Pour l’instant, il n’y a aucune information sur un planning de ces mesures de contrôle, ni même de certitude quant au fait qu’elles seront effectivement mises en place.

Les compagnies aériennes sont décisionnaires

Depuis avril dernier, des procédures encadrent déjà le contrôle au départ et la réaction à adopter si un cas suspect d’Ebola est détecté au cours d’un vol. Deux prises de température frontale ont lieu à l’accueil des aéroports de Conakry, de Monrovia ou de Freetown (dont Air France a suspendu la desserte depuis fin août). Un questionnaire déclaratif sur les activités récentes du voyageur est également rempli pour être remis à l’équipage de l’avion.

D’autres contrôles inopinés peuvent survenir dans la salle d’embarquement. Il s’agit là d’ « une requête des CDC américains qui ont validé toute la procédure », selon le Dr Philippe Bargain, médecin du centre médical Roissy-Charles-de-Gaulle. Ce sont les groupements de compagnies aériennes qui prennent la décision finale de ne pas embarquer les patients qui ont plus de 38 °C et dont les réponses au questionnaire soulèvent le doute.

Conférence en plein ciel

« Le personnel d’Air France a été spécialement formé à repérer les premiers symptômes : asthénie, fatigue importante, myalgie puis syndrome grippal », poursuit le Dr Bargain. « Le commandant de bord est alors prévenu, et entame une conférence à trois avec le médecin régulateur du SAMU et celui de l’InVS par radio BLU (bande latérale unique) ». Le patient est à nouveau interrogé et, s’il s’avère que c’est un cas possible, isolé dans un coin de l’avion avec une surblouse, un masque et des gants.

À l’atterrissage, le SAMU 93 (pour Roissy) ou 94 (pour Orly) le récupère directement sur le Tarmac. Le personnel soignant de l’aéroport est ensuite projeté dans l’avion pour remettre à chaque passager une fiche de traçage et une fiche d’information. « Si le cas d’Ebola est confirmé dans la journée, chaque passager est contacté par téléphone pour lui demander de prendre sa température matin et soir pendant 21 jours et de contacter le 15 si elle dépasse 38 °C », complète Philippe Bargain.

Huit alertes depuis le début de l’épidémie

Un tel cas de figure ne s’est encore jamais présenté dans un vol direct à destination de la France bien qu’il y ait déjà eu huit alertes. Le Dr Bargain se veut rassurant : « On les appelle alertes parce que nous sommes des ’fantassins du tarmac’, mais certaines ne sont même pas allées jusqu’à l’InVS. L’exemple type, c’est le passager qui vomit dans les toilettes et que le personnel n’arrive pas à identifier. Les thermomètres infrarouges permettent de prendre rapidement la température de 130 personnes, et de lever le doute : personne n’avait plus de 38 °C de température. »

L’inquiétude du personnel des aéroports

Pour le médecin chef de Roissy, il faut autant insister sur l’information des passagers que sur celle des 80 000 personnes travaillant dans un aéroport de la taille de Roissy : « Il faut aussi prendre en compte leur légitime inquiétude. Les femmes de ménage, les bagagistes, les douaniers, les gendarmes… ils ont besoin d’éléments de réalité simples qui les rassurent. Nous leur fournissons via la médecine du travail. »

L’épidémie d’Ebola a touché 8 914 personnes dont 4 447 décès selon le dernier bilan de l’organisation mondiale de la santé communiqué mardi. L’OMS s’attend à comptabiliser 10 000 infections et 5 000 morts d’ici décembre.

En Europe, un employé soudanais de l’ONU de 56 ans, contaminé au Liberia par Ebola et hospitalisé depuis jeudi à Leipzig (est de l’Allemagne), est décédé. L’Espagne et les États-Unis ont connu leur premier cas de transmission de malade à soignant. Une faille dans le protocole des soins a été évoquée.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr
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