« LA PRIMAIRE SOCIALISTE, ça nous intéresse é-nor-mé-ment ! ». C’est Michel Chassang, président de la CSMF, qui le jure. Un cri du cœur ? Plutôt un langage de raison : « Les socialistes sont favoris pour 2012, il est normal qu’on suive leurs discussions de très près », confirme le leader syndical.
Au delà du programme socialiste commun, qui ne fait que brosser quelques thématiques de santé et de protection sociale (encadré), c’est le positionnement des deux favoris, François Hollande et Martine Aubry, sur des sujets concrets (la lutte contre la déserts médicaux, les dépassements d’honoraires, la T2A…) qui sucite un intérêt croissant dans les milieux médicaux libéraux et hospitaliers. Beaucoup ont noté que ces deux candidats redoublent d’efforts, depuis quelques semaines, pour s’adresser directement aux professionnels de santé. Visite de François Hollande à l’institut Gustave-Roussy (Villejuif), puis déplacement santé à Rennes, escapade de Martine Aubry au CHU de Grenoble, entretiens ciblés dans la presse professionnelle… La campagne s’accélère. « Cet activisme me paraît concerner davantage les électeurs que le sujet lui-même de la santé, ironise le Dr Claude Leicher, patron de MG-France. Et j’ai noté qu’il s’agissait surtout de visites à l’hôpital ».
Divergences.
Chez les médecins libéraux, l’intérêt - du moins la curiosité - pour les débats internes à gauche se double souvent de critiques sur le contenu programmatique. « Il y a toujours au PS ce marqueur idéologique fort qui considère que le médecin libéral, c’est pas très bien, avec une inculture sur l’organisation des soins de premier recours, même si certains font des efforts », analyse ce haut responsable syndical. Sur le fond toujours, les divergences entre les candidats PS n’ont pas échappé. « Sur la démographie et la liberté d’installation, certains ténors socialistes restent partisans de mesures très autoritaires, analyse le
Dr Chassang. D’autres se sont ralliés à l’incitatif. Des différences existent sur la place de la médecine de ville, sur le secteur optionnel, le paiement à l’acte ». Ce n’est pas un hasard si l’équipe « santé » de François Hollande (Marisol Touraine, Pascal Terrasse, Claude Pigement, Jean-Marie Le Guen) cherche régulièrement à se démarquer du discours aubryste, supposé plus autoritaire à l’endroit de la médecine de ville.
À l’hôpital aussi, les affaires socialistes sont suivies d’un œil attentif. Le François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH), reste sur sa faim. « De façon rituelle, les problématiques de santé sont ignorées de l’élection présidentielle alors que les enjeux sont essentiels, explique-t-il. Jusqu’à aujourd’hui, les propositions socialistes n’échappent pas à cette règle. Il n’y a d’ailleurs qu’une petite part du projet socialiste qui est consacrée à la santé. On n’y retouve aucune approche politique des grandes pandémies, ni de la politique vaccinale ». Unerelative discrétion que le Dr Aubart explique facilement. « On a l’impression que le champ de la santé est exclu de façon névrotique. C’est trop déstabilisant, les mesures à prendre sont dures et on ne peut pas leurrer les français. Il est donc plus simple de ne pas trop aborder le sujet ». Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, estime pour sa part sans détour que « le milieu hospitalier souhaite un profond changement ». Elle veut croire que le sujet de la reconstruction du service public hospitalier sera abordé dans la campagne. « Nicolas Sarkozy, on ne peut pas faire pire, on l’a vu à l’œuvre. Nous allons donc regarder côté PS...».
Article précédent
VIDÉO - Ce que les vainqueurs de la primaire socialiste ont dit sur la santé
Article suivant
Primaires socialistes : Martine Aubry précise sa politique de santé
Hollande gagne la primaire : un « bleu » en santé candidat
Vidéo - Primaire socialiste : la santé retourne aux oubliettes
VIDÉO - Ce que les vainqueurs de la primaire socialiste ont dit sur la santé
Les médecins curieux et attentifs aux débats à gauche
Primaires socialistes : Martine Aubry précise sa politique de santé
Hollande veut « en finir avec la maltraitance du système de soins »
Hollande et Aubry ont constitué leurs équipes « santé »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation