Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé

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Publié le 18/04/2025

Le ministre de la Santé a annoncé la création prochaine d’un observatoire de lutte contre la désinformation en santé, pilier d’une stratégie plus large de défense de la science et de la médecine fondée sur les preuves.

Crédit photo : Chang Martin/SIPA

« Je souhaite qu'aujourd'hui soit le jour 1 de la guerre contre la désinformation », a déclaré ce 18 avril le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, lors d'un colloque au ministère contre « l'obscurantisme et la désinformation en santé ».

« La désinformation nuit gravement à la santé et, dans le domaine médical, elle peut tuer », a souligné le Dr Neuder, citant l'exemple de patients atteints de cancers qui arrêtent leur chimiothérapie pour des méthodes alternatives à l'efficacité non avérée scientifiquement. Dans un contexte marqué par « la montée des discours complotistes et des dérives sectaires », la lutte contre la désinformation en santé « s'impose comme une priorité stratégique pour l'État », a assuré le ministre, cardiologue de profession. « La France doit réagir : nous sommes le pays des Lumières, de Pasteur, de la vaccination », a-t-il encore déclaré dans un entretien à L’Express paru ce jour. Et de s’insurger notamment contre les déclarations « inquiétantes » du ministre américain de la Santé, Robert Kennedy Jr, qui remet en doute la vaccination et relaie une théorie fausse établissant un lien entre vaccins et autisme.

Un label pour les personnalités ou instituts fiables

Cette politique publique de défense de la science s’incarnera d’abord à travers la création prochaine d’un « observatoire » pour lutter contre la désinformation en santé. Il « ne sera pas une énième réunion », promet Yannick Neuder. « Je souhaite mettre cet observatoire en route pour que le ministère indique très régulièrement toutes les fake news qui se sont propagées ces dernières semaines sur les réseaux sociaux », a-t-il précisé au micro de France Inter.

Il s’agit aussi de mettre en place un « programme national d'éducation critique en santé » en lien avec l’Éducation nationale. L’exécutif entend « proposer des formations citoyennes gratuites » en santé publique (bienfaits de la vaccination, dangers de l’alcool, du tabac, des drogues), et susciter une « mobilisation citoyenne, en particulier des soignants afin de mieux diffuser des informations vérifiées sur les réseaux sociaux », selon L’Express. Des propositions qui pourront évoluer à l'issue de travaux menés par les groupes de travail lancés dans la foulée du colloque.

Le ministre a encore suggéré un « label » pour distinguer des personnalités, instituts, et sites à l’origine d’une information médicale fiable, et la désignation d’« ambassadeurs ». « Au pays de Pasteur, il faut remettre des éléments de décision scientifiques et continuer d’exercer une médecine fondée sur les preuves. Les soignants doivent en être les ambassadeurs », déclarait-il déjà dans nos colonnes en mars.

Yannick Neuder souhaite enfin renforcer l'implication « déterminante » des plateformes numériques dans cette lutte, alors que certains géants du numérique « prennent le sens inverse et réduisent au contraire leur politique de modération ». Et d’évoquer la possibilité de saisir l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).

Interrogé sur le développement des pratiques de soins non conventionnelles, y compris dans certains établissements de santé, épinglé dans le récent rapport de la Miviludes sur les dérives sectaires, Yannick Neuder a déclaré qu'il regarderait « avec attention » que l'on ne véhicule pas « nous-mêmes de fausses informations ». « Je vais réinsister sur la nécessité d'avoir des démarches rationnelles, que ce soit en ville, à l'hôpital, ou dans ce ministère », a-t-il affirmé. Et « il ne sortira rien de ce ministère (...) qui n'irait pas dans le sens de la lutte contre l'obscurantisme », a-t-il répliqué, à une question sur l'éventuelle création, avec le feu vert de ses services, d'une instance de régulation de la profession d'ostéopathe - une pratique de soins non conventionnelle.

C.G. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr