ON RECENSE aujourd’hui en France environ 400 Permanences d’accès aux soins de santé (PASS). « Ces structures, rattachées à des services d’urgence, ont été mises en place en 1998 par la loi de lutte contre les exclusions. À l’époque, les pouvoirs publics constataient que les services d’urgence recevaient de plus en plus de patients en situation de grande précarité, qui présentaient des problèmes médicaux spécifiques mais aussi une réelle désinsertion sociale : absence de logement, de revenu et/ou de couverture sociale », indique Yvonne Nicol, assistante sociale à la Pass du CHU de Brest. « Les urgences n’avaient pas toujours la possibilité de prendre en charge ces patients très chronophages. Or, sans une prise en charge cohérente, ces patients sortent dans de mauvaises conditions et risquent de revenir dans un état de santé encore plus altéré ».
Ces Pass sont animées par des travailleurs sociaux, le plus souvent en lien avec des médecins et parfois des infirmiers. « Ici à Brest, nous disposons de 0,5 équivalent temps plein de médecin, réparti entre un généraliste et un psychiatre », indique Yvonne Nicol, en précisant que les Pass ne constituent pas une filière spécifique. « Ces patients en situation de précarité doivent pouvoir accéder à la filière de soins de droit commun. L’objectif est de venir en soutien des équipes des urgences et de mettre en place des partenariats opérationnels avec les structures médico-sociales, concernant notamment l’hébergement d’urgence. »
En 2009, 14 centres régionaux de références ont été mis en place, parmi lesquels la Pass du CHU de Brest. « Toutes les Pass n’ont pas le même fonctionnement, ni le même public à accueillir. Dans certains établissements, ce sont plutôt les jeunes en errance qui seront pris en charge. Ailleurs, par exemple en zone rurale, ce sera des personnes âgées en situation de grand isolement social. Le rôle d’un centre de référence régional comme le nôtre est d’impulser des actions de coordination et de soutien aux équipes de terrain », précise Yvonne Nicol.
Au fil du temps, le profil des patients pris en charge par les Pass, a aussi évolué. « Au départ, on voyait surtout une population masculine, entre 30 et 40 ans, vivant le plus souvent dans la rue et chez laquelle on découvrait régulièrement de grosses pathologies à un stade parfois tardif. Au milieu des années 2000, on a vu arriver de plus en plus de patients en souffrance psychique et, parfois, atteints de maladies mentales. Cela a conduit à la mise en place des équipes mobiles de psychiatrie/précarité en 2006. Enfin, depuis quelques années, un autre changement a été l’arrivée de nombreux patients migrants en provenance d’Afrique ou d’Europe de l’Est », souligne Yvonne Nicol.
D’après un entretien avec Yvonne Nicol, assistante sociale à la Pass du Chu de Brest.
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