« PERSONNE ne devra se trouver à plus de 30 minutes d’un service de soins permettant la prise en charge de l’urgence ». C’est ainsi que s’exprimait la ministre de la Santé lors de son discours à Hôpital Expo en mai 2012. Elle mettait également en exergue la notion « d’accéder à un médecin » et la notion de soins.
Si on considère les effecteurs présents dans le domaine de l’Aide Médicale Urgente, il est facile d’éliminer ce qui ne correspond pas à ces caractéristiques. Ainsi, l’absence de contact physique avec un médecin ne répond pas à cette demande.
Le contact téléphonique avec un médecin régulateur du SAMU ou de la PDSA (Permanence des soins ambulatoires) n’est donc pas suffisant, même s’il est la porte d’entrée du parcours de soins d’urgence. L’intervention d’un infirmier est une réponse dégradée insuffisante car elle ne permet pas d’atteindre le niveau de soin évoqué. Enfin, même l’intervention d’un médecin de la PDSA, dans l’hypothèse où elle serait effectuée dans le délai de 30 minutes, ne couvre pas totalement la prise en charge de l’urgence vitale.
Faute de pouvoir envisager une augmentation de moyens financiers, les solutions doivent être recherchées dans le domaine de l’organisation des ressources.
Ainsi, l’optimisation de la répartition géographique des SMUR. En effet, la restructuration des établissements hospitaliers n’a pas toujours tenu compte de son impact sur le SMUR. Là où il a été nécessaire de regrouper des activités chirurgicales, notamment en urgence, il peut être nécessaire de maintenir voire d’implanter un SMUR. La possibilité d’adosser des SMUR à des structures hospitalières légères n’a pas été vraiment expérimentée. Un hôpital local, une structure d’urgence hospitalière à fonctionnalité limitée (plateau technique de niveau 1, horaires d’ouvertures restreints) peuvent devenir la base d’un SMUR.
L’augmentation du territoire couvert par les SMUR est aussi une piste intéressante. La rationalisation des Hélismurs en fait partie. Les structures d’urgence devraient aussi s’adapter aux vecteurs héliportés. Cependant, même optimisée, la couverture territoriale des SMUR ne pourra pas, dans tous les territoires et dans toutes les circonstances, garantir l’arrivée d’une équipe de réanimation pré-hospitalière dans les 30 minutes.
Le développement d’intervenants médicaux associés au SMUR est une solution pragmatique et moderne pour faciliter l’accès en urgence à un médecin.
Si un médecin de la PDSA ne rentre pas le plus souvent dans le cadre de la réponse en 30 minutes, le développement de médecins correspondants de SAMU le fait. Celui-ci est un médecin généraliste qui a reçu une formation spéciale à la prise en charge des urgences y compris les urgences vitales les plus graves. Il dispose d’un matériel et de médicaments adaptés et agit comme élément « avant-coureur » du SMUR. Il permet de réduire le temps d’accès à un médecin en cas d’urgence grave dans un site éloigné du SMUR sans retarder l’intervention de celui-ci. Le développement des médecins correspondants de SAMU est potentiellement la meilleure réponse à apporter pour permettre dans un contexte de contrainte budgétaire, une meilleure accessibilité aux soins d’urgences au meilleur coût.
Permettre à tous d’accéder en moins de 30 minutes à une prise en charge médicale nécessite donc une réflexion régionale et une organisation des effecteurs de l’Aide Médicale Urgente. La recherche de solutions dégradées, notamment paramédicales, est un faux-fuyant devant la nécessité de nouvelles organisations médicales. L’optimisation des SMUR et surtout le développement des médecins correspondants de SAMU sont possibles. Ils sont le gage de l’efficience et de qualité des soins.
*SAMU de Paris.
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