Le micropénis est un motif fréquent de consultation en urologie, mais il ne s’agit pas toujours d’une réalité et bien souvent d’un complexe. En effet, les hommes satisfaits de la taille de leur verge ont tendance à la surestimer alors que les insatisfaits la sous-estiment. « Ainsi, il faut en premier lieu éliminer une dysmorphophobie pénienne, très fréquente, et qui est en fait en cause dans la majorité des cas », a souligné le Dr Jean-Étienne Terrier (Lyon). Ces patients persuadés de la petite taille de leur pénis, ont souvent des troubles associées, à type de symptômes dépressifs et de troubles de l’érection.
Pas plus de 8 cm en érection
Pour faire le diagnostic différentiel, il faut mesurer la verge, ce qui doit se faire en traction, idéalement après trois tractions. Le terme de micropénis est réservé, chez l’adulte, à un pénis ne dépassant pas huit centimètres en érection : seulement 3 % des hommes sont concernés. Chez le nouveau-né à terme, il s’agit d’un pénis mesurant 2,5 cm ou moins, en prenant soin d’éliminer une fausse verge enfouie.
Le micropénis correspond à une hypoplasie congénitale de la verge, qui signe une insuffisance de sécrétion ou d’action de la testostérone in utero, entre la fin du premier trimestre et la naissance. Les étiologies sont variées, dominées par les causes endocriniennes, notamment insuffisance hypophysaire, insuffisance testiculaire ou insensibilité partielle aux androgènes. Il peut aussi être d’origine génétique et s’intégrer dans un syndrome polymalformatif comme le syndrome de Noonan, ou la trisomie 21. Mais dans un tiers des cas, aucune étiologie n’est retrouvée et il s’agit très probablement d’une conséquence des perturbateurs endocriniens. « D’ailleurs, la prévalence du micropénis est en augmentation », a indiqué le Dr Jean-Étienne Terrier.
Traitement hormonal ou chirurgical ?
Un bilan endocrinien est bien sûr indispensable et il est important de dépister un éventuel déficit en testostérone. En effet, même si un traitement hormonal par énantathe de testostérone n’a aucune efficacité sur la taille de la verge (sauf s’il est donné au cours des 12 premiers mois de la vie), il permet d’améliorer la qualité de vie des patients car il améliore les autres troubles liés au déficit en testostérone.
Une prise en charge psycho-sexologique est impérative, en prêtant une attention particulière aux attentes des patients, souvent irréalistes et alimentées par des publicités mensongères sur internet notamment.
Il n’y a pas de traitement non chirurgical, le pénis extenseur est difficile à supporter et paraît plus adapté à la dysmorphophobie.
La plastie d’élargissement fait appel à des injections de graisse, avec un gain de circonférence pouvant atteindre 2,65 cm. La perte de graisse peut toutefois être de 20 à 80 % la première année.
La section du ligament suspenseur avec plastie V-Y s’accompagne d’un taux de satisfaction de 30 à 65 % selon les séries, avec un gain de 0 à 3 cm de longueur de la verge. Il s’agit d’un geste complexe, avec un risque de récidive élevé en l’absence de recours à un tissu d’interposition. La phalloplastie, traitement de référence, est proposée en cas d’échec des autres gestes et est réalisée le plus souvent en antébrachial, mais d’autres techniques sont possibles. Elle a pour inconvénient de laisser une cicatrice sur le bras parfois mal vécue car stigmatisante et une cicatrice à la base de la verge, qui apparaît moins naturelle.
D’après la communication du Dr Jean-Étienne Terrier (Lyon)
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