LE CALCIUM est très inégalement réparti dans les aliments ; les produits laitiers sont ceux qui en contiennent les quantités les plus élevées : laitage et fromage. Certains légumes à feuilles vertes (cresson, brocoli, épinard), les fruits secs (figue...) et oléagineux (amande, noisette, noix, pistache), quelques eaux minérales (Ca› 150 mg/l) en apportent. Mais un régime sans produits laitiers ne peut pas fournir plus de 500 mg de Ca/j, limite au-dessous de laquelle le risque de fracture augmente considérablement.
Il faut savoir que :
- le calcium d’origine laitière semble mieux absorbé que celui d’origine végétale ;
- les yaourts stimulent l’absorption intestinale du calcium même chez les sujets intolérants au lactose ;
- le beurre et la crème fraîche ne sont pas considérés comme des produits laitiers ; ils sont pauvres en calcium ;
- les eaux minérales calciques (Contrex et Hépar) à forte teneur en calcium (500 mg/l) doivent être bues pendant les repas ;
- le calcium médicamenteux est moins bien absorbé que l’alimentaire et doit être utilisé en seconde intention.
Si votre patient ne consomme pas 3 ou 4 produits laitiers par jour ni de l’eau minérale riche en calcium, il faut envisager de le supplémenter en lui prescrivant du calcium afin que son alimentation pour lui permettre d’atteindre 1 g à 1,2g/j. Il faudra toujours supplémenter si la consommation est ‹ 400-500 mg/j. Mais pour des raisons de galénique, l’observance en est habituellement médiocre. Il est donc très important d’expliquer à votre patient l’importance d’une consommation de 3 ou 4 produits laitiers par jour.
Un bilan phosphocalcique initial et une surveillance sont à entreprendre, notamment dans les rares cas qui entraînent un risque d’hypercalciurie ou d’hypercalcémie.
On peut avoir 1200 mg de Ca/j :
avec ½ l de lait (600) + 30 g de gruyère (300) +1,5 portion de camembert (150) + 1 yaourt (150)
ou
avec ¼ l de lait (300) + 1 gratin avec 20 g de gruyère (200) + 2 yaourts (300) + 1 pt suisse (240) +20 g de fromage (150).
Il faut savoir que des apports calciques excessifs ne sont pas sans danger. Aujourd’hui, pour palier les insuffisances alimentaires, selon des estimations récentes, plus de 60 % des femmes américaines de plus de 50 ans auraient recours à la prise de suppléments calciques. Cependant, une alerte récente a été lancée suite à une revue de résultats d’études antérieures qui a mis en lumière un risque accru de complications cardiovasculaires chez les femmes qui abusaient de ces suppléments minéraux. Les résultats d’une étude* sur une cohorte de plus de 61 000 femmes suédoises, suivies sur une durée médiane de 19 années, apportent des précisions concernant les posologies optimales en calcium. Au cours du suivi, 11 944 décès ont été enregistrés, dont 3 862 d’origine cardiovasculaire, 1 932 en raison d’un accident cardiaque ischémique et 1 100 d’un AVC. Pour la très grande majorité des participantes, n = 38 388, les apports quotidiens en calcium se situaient entre 600 et 999 mg. Pour 2 058 d’entre elles, ils étaient ‹ 600 mg et pour 1 241 femmes, ils étaient ≥ 1 400 mg, avec en moyenne 2 137 mg pour ces dernières. Comparées aux personnes qui absorbaient entre 600 et 1 000 mg de Ca/j, celles qui en prenaient plus de 1 400 mg avaient un risque de mortalité globale, de mortalité d’origine cardiovasculaire et de décès par infarctus du myocarde respectivement augmenté de 40 %, 49 % et multiplié par 2. En revanche, le risque d’AVC n’était pas augmenté, contrairement à ce que certains avaient affirmé avant. Les femmes qui avaient des apports alimentaires de plus de 1 400 mg/jour et qui en plus prenaient des suppléments calciques avaient un risque de mortalité globale multiplié par 2,6, comparées à celles qui avaient des apports entre 600 et 999 mg/jour. La prise de vitamine D n’avait pas d’impact sur la relation entre les apports en calcium et le risque de décès.
Une vérification des apports alimentaires semble donc une sage précaution, avant la prise de suppléments calciques.
Pour en savoir plus, :
- un livre : Nutrition de la personne âgée par M. Ferry et al. Masson. 2012.
- * un article : Michaëlsson K et al. BMJ. 2013.
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