PLUS LA PERSONNE est âgée et plus elle est susceptible de souffrir de maladies potentiellement douloureuses : rhumatismes, séquelles de fractures, cancers, artérite des membres inférieurs, séquelles d’accident vasculaire cérébral (AVC), escarres, etc.
La première étape est le repérage, où l’on s’inquiète systématiquement de la présence d’une douleur, d’autant que le patient est potentiellement douloureux du fait de ses polypathologies. Si la communication verbale est laborieuse, un changement de comportement, doit intriguer : une agitation, une agressivité ou à l’inverse une apathie, un refus de se lever, un décalage du sommeil, etc.
Il s’agit ensuite d’identifier le siège, l’irradiation, les facteurs aggravants, les caractéristiques de cette douleur. La moitié des douleurs à cet âge sont des douleurs mixtes, mêlant excès de nociception et composante neuropathique.
Pour l’évaluer plus précisément, l’échelle DN4 (Douleurs Neuropathiques) en 4 questions : au-delà de 4/10, la douleur est probablement en partie neuropathique. Pour mesurer l’intensité de cette douleur, on dispose, comme pour l’adulte, de trois échelles d’auto-évaluation, le meilleur moyen d’évaluer la douleur : l’échelle visuelle analogique (EVA), l’échelle numérique où l’on note la douleur de 1 à 10, sur le modèle de la réglette EVA, et l’échelle verbale simple en 5 niveaux (pas de douleur, douleur légère, modérée, sévère et intolérable). Si les patients sont dans l’impossibilité de communiquer (démence vasculaire, aphasie, malentendant, etc.), on peut compter sur les échelles d’hétéro-évaluation, comportementales. Les soignants en observant les patients établissent ainsi un score d’intensité de la douleur, moins fiable certes, qui donne une sensation globale de la douleur.
Trois échelles d’hétéroévaluation.
Trois échelles d’hétéro-évaluation ont été validées en gériatrie : Doloplus (www.doloplus.com), l’ECPA (échelle comportementale des douleurs de la personne âgée), bâties toutes deux sur une dizaine d’items (dont l’état du visage, la mobilité, la réaction au toucher, etc.), qui évaluent les douleurs liées aux soins, plutôt chroniques, tels que pansements, toilette, etc. La troisième, conçue par une équipe de gériatres, Algoplus (http://www.doloplus.com/pdf/algoplus.pdf), est plus simple qui s’appuie sur 5 items : visage, regard, plaintes, corps, comportement, auxquels l’on répond par oui ou non. À plus de 2 « oui », le patient est jugé douloureux. « Ces outils, développés au cours des dix dernières années, dédiées à des personnes âgées qui ont perdu leur autonomie, sont largement inspirées des échelles de l’enfant qui n’ont pas encore acquis la leur », constate le Dr Abitbol.
Enfin, la douleur doit être réévaluée, avec les mêmes outils, pour mesurer l’efficacité des traitements antalgiques (médicamenteux et/ou non) et éviter que les médicaments soient pris ad vitam æternam alors qu’ils ne sont plus utiles ou inefficaces…
* Liens d’intérêt du Dr Gabriel Abitbol : Archimède Pharma et BMS.
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