Le patient schizophrène a souvent été décrit comme insensible à la douleur. Mais peu d’études ont exploré le sujet et leurs résultats sont contradictoires. Une étude sur 18 patients et 18 témoins (*) a été menée dans le but de savoir si des patients schizophrènes traités et stabilisés présentaient une sensibilité perturbée à la douleur. Les investigateurs ont induit des douleurs par stimulation électrique de la main. Des réponses subjectives (par cotations sur des échelles visuelles analogiques) et objectives (EEG) ont été enregistrées. En outre, la douleur étant une sensation relevant de mécanismes complexes et multiples, plusieurs processus impliqués ont été évalués : réactions à des images négatives ou neutres, dosage du cortisol et de l’ACTH avant et après les stimulations. La perception du temps, liée aux capacités d’anticipation a également été évaluée.
Les résultats de cette étude révèlent que les patients inclus ne sont pas insensibles à la douleur. Au contraire. Ainsi, leurs évaluations subjectives ainsi que les potentiels évoqués précoces montrent qu’ils y sont même plus sensibles que les individus du groupe témoin. Ils sont aussi plus réceptifs aux images et leur cortisol et leur ACTH sont augmentés. L’ensemble des mesures suggère que les patients traités et stabilisés sont plus sensibles que les sujets témoins à la douleur et aux émotions négatives. En outre, la perception du temps est également perturbée ; en témoignent les difficultés à anticiper et à inhiber une douleur prévisible. "Les auteurs concluent qu’en se fondant sur le caractère très précoce des anomalies EEG et des perturbations de la perception temporelle, les patients ont de grandes difficultés à se préparer à la douleur, à savoir quand elle va survenir et à mettre en place des phénomènes protecteurs.
D’après la communication du Dr Cécile Duval.
(*)Étude menée par l’Inserm U114 (Strasbourg), la fondation FondaMental (Créteil) et la fondation APICIL (Lyon)
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