Le ressenti douloureux au cours d’une maladie est le résultat d’une composante sensorielle, émotionnelle et cognitive. C’est pourquoi les spécialistes de la douleur recommandent une prise en charge pluridisciplinaire pour ce symptôme, qui est plus à considérer comme une maladie à part entière.
Des outils simples et peu consommateurs de temps
De nombreuses échelles d’évaluation de la douleur sont à la disposition des professionnels de santé. Leur but : reconnaître, dépister, évaluer, traiter et réévaluer ce symptôme qui représente l’un des motifs les plus fréquents de consultation médicale. Elles sont classées en fonction de leur caractère aigu ou chronique, de l’âge du patient et de sa capacité à communiquer ou non. Leur point commun : donner de la rigueur à la démarche évaluative, permettre sa reproductibilité et atténuer, du moins en partie, le caractère subjectif de l’évaluateur.
Le médecin généraliste en première ligne
Les premiers interlocuteurs du patient souffrant de douleur aiguë ou chronique sont en général le médecin généraliste et le soignant des services d’urgences. Des échelles d’évaluation de la douleur, validées et reproductibles sont à leur disposition. Il est impératif qu’ils s’approprient ces outils de mesure qui quantifient le ressenti de la douleur par le patient. Contrairement à la rumeur, ces outils sont simples et non consommateurs de temps. De plus, ils apportent de la rigueur au travail quotidien et une meilleure traçabilité de l’évolution de la douleur. Ils sont aussi en quelque sorte le « langage commun » entre le patient et son soignant et les soignants entre eux.
Privilégier l’autoévaluation
Le choix d’une méthode ne repose pas simplement sur les préférences des soignants. Il doit être réfléchi en fonction du contexte et du patient. L’autoévaluation par le patient est toujours privilégiée car plus crédible. L’échelle verbale simple (EVS) propose une série de qualificatifs hiérarchisés, représentatifs d’une grande partie de la population, allant de douleur absente à douleur très intense en passant par douleur faible, modérée, intense. Quant à l’échelle numérique, elle présente une note de 0 à 10 que choisit le patient pour exprimer l’intensité de la douleur, 0 étant l’absence de douleur et 10 la douleur insupportable. Pour les pathologies aiguës, ces deux échelles sont appropriées et donc suffisantes.
En cas de suspicion de douleurs neuropathiques, le questionnaire DN4 qui comprend une dizaine de critères regroupés en 4 questions est utile comme outil de diagnostic. Lorsque l’autoévaluation n’est pas réalisable comme chez les dyscommunicants (personnes âgées non verbalisantes ou patients en réanimation), une hétéro évaluation est alors proposée. Le soignant fait appel à des échelles comportementales d’évaluation standardisées et validées où un tiers apprécie la douleur sur différents signes.
En cas de douleurs chroniques, rebelles ou compliquées, motifs très fréquents de consultation dans les centres antidouleurs, il est indispensable, conclut le Dr Gomas, de recourir à des échelles plus complexes permettant de tenir compte des autres composantes de la douleur.
Dr Jean-Marie GOMAS, PH Médecin coordinateur de l’Unité fonctionnelle, Douleurs Chronique Soins Palliatifs, Président du CEFAMA, Hôpital Sainte Périne Hopitaux universitaires HUPIFO
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