En cas de douleur aiguë « courante » de l’enfant, la prescription d’antalgiques obéit à des règles simples. Mais en pratique quotidienne, cette simplicité apparente n’est pas toujours vérifiée comme l’a démontré le Dr Florence Behal dans sa thèse intitulée « que savent les parents sur les antalgiques qu’ils donnent à leurs enfants ? »
Trois cents familles ont été enquêtées en 2 012 en Ile de France, un tiers dans un cabinet de médecine générale, un tiers dans un service de pédiatrie générale et un tiers au Centre de prise en charge de la douleur et de la migraine de l’hôpital Trousseau. Les résultats font directement état d’une connaissance très limitée des familles sur les antalgiques. Les doses d’antalgiques administrés régulièrement, notamment celles concernant le paracétamol et l’ibuprofène, seraient insuffisantes. Pour le paracétamol, c’est le nombre de prises qui n’est pas respecté. Quant à l’ibuprofène, les doses seraient inférieures aux recommandations. Si le paracétamol est quelque peu banalisé, l’enquête révèle aussi une certaine crainte des AINS en lien avec les effets secondaires. À cela s’ajoute, pour bon nombre de parents, une certaine confusion quant aux produits utilisés. Moins de la moitié seulement des personnes enquêtées était capable d’identifier à la fois une molécule d’ibuprofène et de paracétamol sans les confondre.
La galère des galéniques
Autres difficultés exprimées par les familles : la gestion des différentes formes galéniques, les règles d’administration selon le poids ou l’âge, les indications de ces antalgiques puisque prescrits non seulement pour calmer la douleur mais aussi pour diminuer l’hyperthermie. Une situation qui montre les efforts d’éducation thérapeutique à faire, pour que les parents puissent gérer au domicile les douleurs du quotidien de leurs enfants.
L’harmonisation des informations: une nécessité
Plusieurs travaux dont celui du Pr J.C. Cuvellier (Lille) ont également démontré que les médecins généralistes avaient parfois tendance à sous doser les prescriptions d’antalgiques, notamment chez les enfants souffrant de migraine. Fort de ces données, le Dr Tourniaire rappelle la nécessité d’harmoniser les informations sur les antalgiques destinées aux parents. Une requête qui s’adresse aux médecins généralistes, aux pédiatres, aux pharmaciens et même aux professionnels de santé des centres de prise en charge de la douleur, car tous sont en première ligne en ce qui concerne l’éducation de la population générale.
Suite aux conclusions de la thèse du Dr Behal, un outil d’information, clair, simple et pratique va être élaboré en collaboration avec d’autres professionnels de santé, notamment des pharmaciens. Les informations nécessaires seront regroupées pour permettre aux parents une prise en charge optimale de la douleur de l’enfant à domicile. La récente recommandation de l’ANSM de ne plus utiliser la codéine chez les enfants de moins de 12 ans va aussi conduire à la nécessité de former et d’informer professionnels et familles au maniement de la morphine pour les douleurs aiguës les plus intenses. De nouvelles formes galéniques maniables et une délivrance de quantités adaptées à ces situations devront être développées.
Dr Barbara Tourniaire, Pédiatre, Centre de prise en charge de la douleur et de la migraine, hôpital Trousseau, Paris
Study on management of pediatric migraine by general practitioners in northern France. Cuvellier JC, Carvalho S, Mars A et Auvin S.
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