Les recommandations publiées en janvier 2010 s’étaient basées sur une analyse de la littérature et les préconisations thérapeutiques sur les molécules ayant à ce moment-là une autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est pour cette raison qu’elles ne proposaient pas, dans la stratégie thérapeutique, le recours à la capsaïcine en patch, qui constitue l’une des grandes innovations de ces dernières années et qui a reçu une AMM en Europe en 2009 et en France en 2010. « La capsaïcine, neurotoxine extraite du paprika, avait certes déjà été étudiée auparavant, mais sous forme de crème et à des concentrations cent fois moindres que celle du patch », précise le Dr Valéria Martinez (hôpital Raymond-Poincaré, Garches).
Réservé à l’usage hospitalier
La capsaïcine en patch est indiquée dans les douleurs neuropathiques périphériques non diabétiques, responsables de douleurs localisées, avec l’avantage de n’entraîner que très peu d’effets secondaires par rapport aux traitements systémiques habituellement proposés. Ce traitement est réservé à l’usage hospitalier et il ne peut ainsi être délivré pour les patients ambulatoires que dans le cadre de l’hôpital de jour et administré par une infirmière spécialement formée. En effet, l’application du patch peut être très douloureuse et le produit est extrêmement volatil et peut donc entraîner, en cas de manipulation inadéquate, des irritations importantes des muqueuses.
« En pratique, après échec du traitement de première intention et avant de recourir à des opioïdes forts, il est important de savoir orienter le patient vers un centre spécialisé, où pourra être discutée l’indication du traitement par patch de capsaïcine », souligne le Dr Martinez, qui insiste par ailleurs sur l’importance du diagnostic des douleurs neuropathiques. « Certaines restent sous diagnostiquées, en particulier les douleurs neuropathiques chroniques postopératoires, encore peu reconnues, à l’inverse d’autres douleurs neuropathiques comme celles associées au diabète ou au zona », conclut le Dr Valéria Martinez.
D’après un entretien avec le Dr Valéria Martinez, hôpital Raymond-Poincaré, Garches.
(1) Les douleurs neuropathiques chroniques : diagnostic, évaluation et traitement en médecine ambulatoire. Recommandations pour la pratique clinique de la SFETD - janvier 2010
Article précédent
L’électrostimulation : un « pansement » aux effets antalgiques rapides et précoces
Article suivant
Les échelles d’évaluation, pierre angulaire de la lutte contre la douleur
Un ordinateur plus habile que l’homme
Éliminer une cause organique
La douleur, maladie à part entière
Les lombalgies, première cause d’incapacité dans le monde
Un serre-tête anti-migraine approuvé aux États-unis
L’arsenal thérapeutique s’est beaucoup enrichi
En attendant de nouvelles molécules, AINS et triptans restent au centre du traitement
Les antalgiques en pédiatrie : que savent les parents ?
Éviter le cercle vicieux de l’escalade thérapeutique
L’électrostimulation : un « pansement » aux effets antalgiques rapides et précoces
Des progrès thérapeutiques continus depuis les recommandations officielles
Les échelles d’évaluation, pierre angulaire de la lutte contre la douleur
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024