Un secteur «couverture sociale territoriale»
«Création d'un nouveau secteur conventionnel (couverture sociale territoriale) visant à couvrir les zones sous médicalisées définies par l'ARS en ouvrant des cabinets secondaires pour améliorer l'accès aux soins. Le praticien y exercerait quelques vacations par semaine au tarif conventionnel strict en échange d'une liberté tarifaire (restant à définir) dans son cabinet primaire. Cette formule permet au praticien de faire face aux frais supplémentaires générés, avec un reste à charge plus important pour la patientèle de régions surdotées au profit des patients des régions nécessitant une meilleure couverture médicale.» Dr Philippe Degravi, ORL libéral, (Paris), 62 ans :
Défiscaliser la PDS
«Les gilets jaunes ont obtenu que les heures supplémentaires soient défiscalisées (en partie), il me paraitrait normal et juste que la même mesure soit prise pour les médecins généralistes qui assurent la permanence des soins depuis de nombreuses années, dans des conditions qui ne sont pas forcément toujours à envier... Je propose donc que toutes les gardes de permanence de soins des médecins libéraux soient défiscalisées, comme cela est déjà le cas pour les médecins régulateurs ou dans les zones dites sous-dotées.» Dr Sebastien Champalle, généraliste libéral (Vaucluse), 40 ans
Faire payer les lapins
«Faire payer les consultations de ville non honorées par les patients (afin que cela les force à prévenir de leur absence) ; on peut ainsi récupérer entre 3 et 5 consultations par jour et par médecin généraliste, et en faire profiter des patients qui sinon vont aux urgences pour de la bobologie.» Femme médecin généraliste (Val-de-Marne), 31 ans
Mini stages
« Varier le nombre de stages tous les 3 mois pour les internes au lieu de 6 mois...» Une interne en médecine générale (Bas-Rhin), 26 ans
Les médecins ont perdu leur pouvoir de décision
«La médecine est maintenant au service de l'administration, avec des logiciels médicaux non adaptée à l'exercice médical, avec une injonction dans les structures hospitalières privées ou publiques à faire de plus en plus d'argent. Les médecins ont perdu leurs pouvoirs de décision dans l'organisation des soins dans les établissements mais aussi dans l'élaboration des projets médicaux qui sont aux mains des ARS ou des directions hospitalières. Le médecin est tout au plus consulté... Il est devenu la cheville ouvrière des hôpitaux privés ou publics pour rapporter un max d'argent avec un minimum d'investissement en matériel et avec un sous effectif permanent. Les médecins en France sont découragés par le système de Santé mis en place depuis près de 10 ans. Le Pr Grimaldi a bien résumé le changement de paradigme : "Autrefois l'administration était au service de la Médecine et du soin et maintenant c'est la Médecine qui est au service de l'administration". Tout est dit...» Cardiologue homme (Normandie), 57 ans
Valoriser la psy
« A quand la valorisation des consultations longues psychiatriques ou de soutien psychologique en médecine générale? Si on ne remboursait plus un jour l'homéopathie, il serait utile aussi de rembourser les consultations de psychothérapie. Si je ne crois pas à l'efficacité des granules, en revanche, je crois à la qualité d'écoute des homéopathes (et ils n'en ont pas le monopole). Que les consultations longues soient prises en compte dans les tarifications. On aurait moins de prescription, de médicaments inutiles et des examens complémentaires coûteux.» Dr Baud Minh, généraliste libérale (Puy-de-Dôme), 53 ans
Donnant-donnant
«Revoir totalement les modalités de rémunération des actes médicaux et paramédicaux pour cesser de tirer les tarifs unitaires vers le bas. Il faut un choc de tarification gagé sur un engagement fort de la profession de respecter une modération sur les volumes.» Médecin de santé publique (Paris), 59 ans
Salarier des médecins traitants en Ehpad
«En EHPAD, favoriser le recrutement de médecins (traitants) prescripteurs salariés, compétents en gériatrie, pour pallier le manque de généralistes libéraux et travailler en complémentarité avec les médecins coordonnateurs. Nos résidents polypathologiques et fragiles ont besoin d'un suivi médical approprié.» Dr Olivier Cesca, médecin coordonnateur en EHPAD (Vendée), 59 ans
Transparence sur le coût du médicament
«Je pense qu'il faudrait de nouveau inscrire le prix du médicament sur la boite pour responsabiliser les patients. Dans le même ordre d'idée, indiquer le coût total d'une hospitalisation lors de la sortie. Je suggère aussi que l’on distribue les médicaments à l'unité (dans chaque foyer il y a une armoire pleine de médicaments non ou partiellement utilisés) et d’inscrire le nom du médicament princeps sur les boite de génériques.» Dr Didier Constant, gynécologue-obstétricien libéral (Val d’Oise), 67 ans
Médecine foraine
«Bus itinérant avec médecin, infirmier et kiné passant à jour fixe dans les villages pour éviter aux habitants parfois âgés de se déplacer et pour éviter à des jeunes médecins de s'installer dans des endroits sans école pour leurs enfants et sans travail pour leur conjoint.» Femme allergologue (Val-de-Marne), 60 ans
Eduquer les patients
«Lancer des campagnes d'éducation thérapeutique pour les patients afin de limiter leurs consultations aux urgences ou chez leur médecin traitant pour des choses banales qu'ils pourraient gérer seuls, afin de libérer du temps pour les véritables pathologies nécessitant un avis médical. Faire payer le passage aux urgences, même de 1 ou 2 euros, afin que certains comprennent que ce n’est pas gratuit. Éducation alimentaire dans les écoles pour limiter l’obésité chez les enfants.» Femme urgentiste (Loire) 27 ans
Le pouvoir aux médecins !
«Modifier en profondeur la gouvernance dans les hôpitaux . Donner plus de pouvoir aux médecins. Supprimer les pôles. Faire tourner la chefferie de service tous les 5 ans. Faire tourner les CME plus souvent.» Dr Florence Rollé, Cardiologue réanimateur PH (Haute-Vienne), 55 ans
Salariat à la campagne
«Pour lutter contre les déserts médicaux : faire comme en Allemagne et proposer des postes de médecins salariés, rémunérés par les mairies et collectivités territoriales, 4000€ par mois pour 35h avec 5 semaines de congés payés et une secrétaire fournie. Moi, jeune médecin bientôt thésée, je signe demain ! La campagne ne me fait pas peur, ainsi qu’a mes confrères du même âge, au contraire les gens y sont agréables et familiers et la médecine y est intéressante et variée. Mais la montagne de travail nous inquiète. Embauchez 2 ou 3 médecins et vous aurez du monde dans vos campagnes !»Dr Marine Fondeuf, Médecin généraliste (Aude et Ariège), 27 ans
Dégraisser le mammouth
«Il est important de revoir le concours d'entrée aux écoles d'administration, ENA, école de la santé, etc... en l'autorisant seulement à des professionnels ayant au moins 5 ans d'exercice, en l'occurrence des médecins pour l'école de la santé, car les administrateurs n'ayant aucune connaissance du terrain sont une catastrophe. Il suffit de voir la situation des hôpitaux, mais aussi le mépris de ces "hauts" fonctionnaires pour la médecine libérale. Il faudrait aussi s'attaquer enfin au mille-feuille administratif et supprimer les salaires qui ne correspondent pas à un poste effectif.» Dr Reynaud, dermatologue (Haute Loire jusque fin 2018), 68 ans
Réhabiliter la visite
«Au lieu de rémunérer des actes administratifs ou valoriser le nombre de patients que l'on a, il serait bien plus intelligent de valoriser le temps passé auprès de nos aînés. J'entends par là valoriser les visites à domicile. Je reste un des rares médecins à en pratiquer dans mon quartier.» Dr Nathalie Chevret, généraliste (31), 54 ans
Hôpital, une situation chaotique
«La mort de l'hôpital est en grande partie encouragée par l'administration. Celle ci exerce un pouvoir absolu: de la programmation et l'investissement à la gestion quotidienne. Conséquence : les médecins et infirmières ont perdu le sens de leur travail. La mise en place des 35 heures et la création des DSI ont généré une situation chaotique au sens ethnologique de chaos.» Dr Daniel Loisance, chirurgien cardiaque (94), 72 ans
Un audit pour libérer les énergies !
«L’hyperadministration de notre profession et des établissements de santé devrait, elle aussi, être évaluée. Que de réunions inutiles pourraient être évitées en redonnant du temps de soins ! Le nombre de soignants est au mieux constant depuis longtemps alors que les postes administratifs se multiplient à l’envie : à quel coût et pour quel service rendu au patient ? Une fois un audit indépendant réalisé, pourraient se réunir professionnels et administration pour évaluer sur ces bonnes bases, ce qui est indispensable, ce qui est utile et redonner ainsi du temps consacré au soin en libérant les énergies.» Dr Casassus, cardiologue homme (64), 69 ans
Article précédent
Prévention, environnement : on fait quoi ?
Article suivant
Le projet d'«assemblée citoyenne spécialisée» d'un chirurgien cardiaque
13 recos détonantes...
Des projets pour former la relève
Prévention, environnement : on fait quoi ?
Grand débat : le verbatim
Le projet d'«assemblée citoyenne spécialisée» d'un chirurgien cardiaque
Ne pas oublier les patients
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes