Le juge des référés du Conseil d’État a décidé ce jeudi de renvoyer la décision sur l’arrêt de soins de Vincent Lambert, à une formation collégiale. « La très grande difficulté des questions qui sont posées », d’ordre « juridique », « déontologique » et « éthique », « exclut qu’elles puissent être tranchées par un juge unique », a tranché le président Bernard Stirn au terme de l’audience en référé devant la plus haute juridiction administrative française. « Une formation collégiale se réunira dans le courant de la semaine prochaine », a-t-il ajouté, précisant que la date serait fixée ce vendredi à 10 h 00.
Sa décision a été prise après avoir entendu les témoignages bouleversants mais contradictoires de membres de la famille de Vincent Lambert et des praticiens.
Les différentes parties entendues
Cet homme de 38 ans a « des lésions cérébrales graves et irréversibles, une incapacité à exprimer ses volontés. Il est atteint d’une maladie grave et incurable », a décrit le Dr Éric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims.
L’avocate des parents de Vincent Lambert, Me Claire Le Bret-Desaché, a au contraire assuré qu’il n’était « pas en fin de vie, pas atteint d’une maladie grave et dégénérative. On ignore s’il souffre ». Dans cette situation, « le doute doit profiter à la vie », a-t-elle fait valoir. La mère du patient, opposée comme son mari à l’euthanasie passive de son fils, s’est dite persuadée que « Vincent est présent ».
Les médecins, l’épouse et un neveu de Vincent Lambert avaient saisi le Conseil d’État pour contester le maintien en vie décidé le 16 janvier par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne à la demande des parents.
Pour Me Bruno Odent, avocat de l’épouse, « seul un médecin peut apprécier la décision de savoir si le maintien de l’alimentation constitue un acharnement thérapeutique ». La question à laquelle doit répondre la justice est de savoir « si le Dr Kariger, qui l’a décidé, a commis une illégalité manifeste ». Me François Molinié, conseil de l’union nationale des associations de familles de traumatisés crâniens, a expliqué que les familles de ces patients en état « pauci-relationnel » comme Vincent Lambert, sont « extrêmement préoccupées » par la décision que prendra le Conseil d’État.
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