Des proches de Vincent Lambert ont demandé à la ministre de la Santé d’enjoindre le CHU de Reims de saisir le Conseil d’État, après la décision du tribunal administratif de maintenir les soins du patient tétraplégique, dans une tribune du Monde.fr.
Cinq frères et sœurs ainsi que le neveu de Vincent Lambert s’inquiètent de l’absence de réaction de l’hôpital qui n’a pas déposé de recours. Ils demandent « instamment à Madame Marisol Touraine, à toutes les institutions compétentes, aux médecins, aux intellectuels que ce verdict effraie, de se prononcer par écrit, clairement, et de façon urgente, auprès de Monsieur le directeur général du CHU de Reims en faveur d’un recours ».
Faute de quoi, disent-ils, « Vincent - mais aussi toutes les personnes pouvant un jour se retrouver dans sa situation - risque fort de devoir continuer à vivre dans la souffrance et le déni de sa volonté clairement exprimée par oral : Vincent n’anticipait pas cette situation au point d’écrire ses directives, comme 98 % de la population française ».
Appel à l’Ordre
Ces membres de la famille de Vincent Lambert s’adressent par ailleurs au Conseil de l’ordre des médecins : « Si le Conseil de l’Ordre des médecins du département de la Marne a pris une position favorable sur le respect de la procédure du Dr Kariger et de son équipe, l’encourageant ainsi à tenter un recours, cela n’a pas été le cas au niveau national. Le problème est pourtant national aujourd’hui puisque personne n’est dorénavant protégé » devant ce qu’ils appellent « un acharnement thérapeutique ».
Le 16 janvier dernier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné aux médecins de l’hôpital de Reims de poursuivre l’alimentation et l’hydratation artificielles de Vincent Lambert alors qu’une décision d’arrêt de soins avait été décidée par l’équipe médicale après une procédure collégiale et avec l’accord de l’épouse et d’une partie de la famille. Ils ont, ainsi que l’hôpital, jusqu’à vendredi inclus pour déposer un recours devant le Conseil d’État.
Lors de ses vœux à la presse, la ministre de la Santé avait évoqué le cas. « Si l’épouse de Vincent Lambert prend la décision d’introduire un appel devant le Conseil d’État, le CHU de Reims accompagnera son appel par un appel de son côté », avait-elle indiqué.
La loi actuelle sur la fin de vie, la loi Leonetti de 2005, « ne répond pas à toutes les attentes ni à toutes les souffrances », avait-elle souligné Mme Touraine avant de poursuivre : « La situation que connaît aujourd’hui Vincent Lambert le rappelle de manière douloureuse. » La ministre avait aussi indiqué : « Nous devons faire évoluer la loi pour permettre à chacun de mieux mourir. » Avant de conclure : « L’immobilisme n’est pas une option. »
Avis de l’Académie
Une évolution que ne souhaite pas l’Académie nationale de médecine qui s’est dite « très sensible » à la situation du tétraplégique Vincent Lambert et de sa famille en rappelant qu’elle a déjà tenu clairement à faire apparaître les interrogations éthiques nouvelles comme dans le cas des traumatismes cérébraux et médullaires, liés notamment aux accidents de la circulation.
« Dans ces circonstances, la personne devenue, de façon définitive, physiquement totalement dépendante, survit grâce à des soins constants et très lourds, dispensés dans un cadre institutionnel spécialisé ou dans leur entourage, avec générosité », a précisé l’Académie la semaine dernière.
Mais, soulignent les académiciens, la Loi Leonetti de 2005 « en l’état, définit clairement le cadre de la réflexion dont découlera la réponse : Reconnaître le fait qu’il ne s’agissait que d’une survie ; accepter la décision de substituer aux soins prolongés, légitimement obstinés, mais sans doute devenus déraisonnables, le meilleur accompagnement possible du terme différé de cette survie ». L’Académie reconnaît néanmoins la difficulté de ces situations : « La dépendance physique est totale, mais, en l’absence de toute communication, l’incertitude demeure sur la persistance possible d’un certain niveau de conscience. Cette situation dite "pauci relationnelle" rend impossible le recueil de l’expression de la volonté de la personne. » L’Académie entend prendre part au débat sur la fin de vie annoncé par la ministre de la Santé.
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