Après avoir actualisé ses réponses rapides sur la prise en charge en ville des patients infectés par le SARS-CoV-2 ou suspectés de l'être, la Haute Autorité de santé (HAS) publie de nouvelles recommandations, également sous forme de réponses rapides, portant sur l'oxygénothérapie à domicile des patients Covid-19. Elle y précise les modalités de mise en œuvre de cette prise en charge.
Saisie par le ministère de la Santé, la HAS précise que cette prise en charge à domicile des patients oxygéno-requérants doit rester exceptionnelle et réservée à la situation sanitaire particulière actuelle, alors que les services hospitaliers sont très fortement sollicités.
Besoins en O2<4l/min pour SpO2>92%
Si l’hospitalisation reste recommandée pour les patients présentant un risque de développer une forme sévère de Covid-19, la HAS a défini deux catégories de patients qui pourraient bénéficier d'une oxygénothérapie à domicile. Il s'agit en majorité de patients qui ont été hospitalisés et dont l’état de santé rend possible un retour à domicile avec un apport en oxygène. Cette oxygénothérapie à domicile pourra aussi « exceptionnellement » être proposée à des malades qui n'ont pas été hospitalisés mais dont l’état de santé permet une prise en charge initiale à domicile. Dans ces deux situations, les besoins en oxygène doivent être inférieurs à 4 l/min, et l'objectif est de maintenir une saturation sanguine en oxygène (SpO2) supérieure à 92 %.
La HAS précise par ailleurs que le patient « doit être autonome, disposer d’un domicile salubre, avec la présence permanente d’un tiers, être situé à moins de 30 minutes d’un établissement de santé de référence disposant d'une structure d'urgence ou d'un SMUR de proximité ».
Des critères d'exclusion
De plus, l'oxygénothérapie ne peut être envisagée chez des patients présentant au moins un critère d'exclusion comme la présence d'une pathologie chronique non stabilisée, une obésité morbide ou une grossesse. La HAS recommande également d'exclure les patients cumulant deux critères mineurs ou plus, tels qu'un âge supérieur à 70 ans, une pathologie cardiovasculaire, une cirrhose ou un diabète équilibré.
Au-delà de ces critères, « le choix d’une oxygénothérapie à domicile repose sur une décision partagée entre le patient et son médecin en lien avec le service de référence », ajoute la HAS.
Une anticoagulation prophylactique et des corticoïdes à faible dose
En plus de l'oxygénothérapie, tous les patients pris en charge à domicile requièrent une hydratation et une alimentation équilibrée, ainsi qu'« une anticoagulation prophylactique (pendant 7 à 10 jours) et des corticoïdes faible dose (dexaméthasone 6 mg/jour ou équivalent pendant 5 à 10 jours) », détaille la HAS. Du paracétamol peut également être prescrit en cas de fièvre et de douleur. « L’antibiothérapie ne doit pas être systématique », ajoute l'agence sanitaire.
L'oxygénothérapie à domicile requiert une coordination entre ville et hôpital et une mobilisation pluridisciplinaire, faisant intervenir « un médecin généraliste pour la coordination de la prise en charge, un infirmier pour la surveillance et la dispensation des médicaments et un kinésithérapeute », ainsi qu'un prestataire d’oxygénothérapie à domicile.
Surveillance permanente
La sécurité du patient doit être surveillée en permanence par un tiers, et aussi, si possible, via un système de télésurveillance. Des signes d’alerte ont par ailleurs été définis par la HAS, comme un débit d'oxygène supérieur à 3 l/min avec désaturation en quelques heures ou bien l'absence d'amélioration après 72 heures. Ces signes « doivent conduire l’équipe intervenant à domicile ou le patient et son entourage à contacter sans délai le SAMU ou l’unité d’hospitalisation de référence ».
Cette pratique, dont les modalités sont susceptibles d'évoluer au gré des connaissances scientifiques, fera l'objet d'une évaluation avec un suivi de l'ensemble des patients concernés.
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