LEGISLATIVES 2012 - Médecins dans la bataille des législatives

À Marseille, le Dr Muselier déterminé à faire tomber une ministre

Publié le 04/06/2012
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Crédit photo : AFP

DUEL AU SOMMET dans la cité phocéenne. La très prisée 5e circonscription des Bouches-du-Rhône est au cœur d’un âpre affrontement entre deux candidats pour qui une défaite aux élections législatives marquerait un coût d’arrêt magistral. À gauche : Marie-Arlette Carlotti, nouvelle ministre déléguée aux Personnes handicapées. À droite : le Dr Renaud Muselier, réélu systématiquement depuis 1993 dans cette zone résidentielle un brin « bobo » de Marseille, aux abords du Vieux Port. En cas d’échec, la première verrait s’envoler son maroquin. Le second perdrait tout espoir de succéder en 2014 à Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille.

« Moi, les handicapés, je les soigne »

Auto-estampillé « pur produit marseillais », le Dr Muselier est un animal politique qui joue à la fois de son expérience et de son ancrage local. À 53 ans, le député UMP et ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères, est aussi président de la commission médicale d’établissement (CME) de la clinique Saint-Martin, spécialisée dans la prise en charge des pathologies neurologiques et fondée par son père en 1970. Connu pour sa gouaille et son humour cinglant, le politique aime faire appel au médecin pour tacler son adversaire principale sur sa fonction ministérielle. « Moi, les handicapés, je les soigne », lâche-t-il, pince-sans-rire, au « Quotidien ». Celui qui « n’envisage pas la défaite » parie sur son implantation pour sortir vainqueur du match : « J’ai une armée de militants qui tractent sans relâche et défendent mon projet pour Marseille, où tout le monde me connaît. Désormais, on est entrés dans la dernière phase du combat. »

Face au leader UMP local, Marie-Arlette Carlotti, 60 ans, conseillère générale depuis 1998, est dans une posture délicate. Certes, localement, la ministre est saluée pour son honnêteté et sa droiture depuis l’éclatement de l’« affaire Guérini », du nom de l’ex-homme fort du PS des Bouches-du-Rhône, mis en examen dans une affaire de marchés publics. Depuis les municipales de 2008, Marie-Arlette Carlotti n’a eu de cesse de réclamer la démission de Jean-Noël Guérini à la tête du conseil général.

Certes, François Hollande a devancé d’une courte tête Nicolas Sarkozy avec 50,22 % dans la circonscription. Certes, dans le cœur des autochtones, Marie-Arlette Carlotti est « la Marseillaise du gouvernement », nomination dont la gauche locale n’avait pu se glorifier depuis…Gaston Defferre, ministre de l’intérieur du premier gouvernement Mitterrand. Mais cela sera-t-il suffisant ? L’éventualité d’une triangulaire avec le Front national, qui serait favorable à la ministre, est faible. L’enjeu est si important et le scrutin si serré que, mercredi dernier, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’a pas hésité à se déplacer en personne afin d’apporter son soutien à la candidate socialiste.

En balade dans les rues de Marseille, le Dr Muselier ne manque jamais de rappeler que seules 229 voix ont manqué à Nicolas Sarkozy pour arriver en tête dans la ville. Soit trois voix par bureau de vote.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9135