L’AVANCÉE SEMBLE prometteuse. L’outil virtuel que développe le Dr Frédéric Bloch à l’hôpital Broca, est un espoir dans la prévention du syndrome post-chute. Le principe : observer un avatar marcher pour stimuler les zones motrices que le chuteur n’ose plus utiliser. « On veut rééduquer le moteur sans utiliser le moteur », explique le Dr Frédéric Bloch.
Le projet repose sur une logique simple : si la réalité virtuelle est efficace dans la rééducation motrice de la maladie de Parkinson et dans le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) de soldats au retour de conflits, elle a toutes les chances de l’être sur l’anxiété psychomotrice post-chute. « On a voulu combiner les résultats de ces études pour agir sur le versant psychologique du syndrome post-chute », rend compte le spécialiste. Car pour le gériatre, le syndrome post-chute n’est autre qu’un SSPT. Dont la symptomatologie se retrouve chez un quart des sujets âgés dans les deux mois suivant la chute, selon les résultats d’une étude préliminaire. Et c’est sur cette population que le Dr Bloch souhaite agir, les traumatisés de la chute qui résistent à se mobiliser de peur du faux pas. Des sujets qui risquent leur autonomie, au même titre que leur dignité avec un taux d’institutionnalisation qui peut atteindre 40 % de ceux qui chutent de manière répétée. À ceux-là, la réalité virtuelle pourrait éviter la « spirale négative » des conséquences de ces chutes à répétition.
Espoir 2.0.
Parce qu’après une chute, le sujet peine à se relever et à imaginer certaines situations par lui-même, la réalité virtuelle a un sens précis : permettre une remise en situation réaliste dans un environnement sécurisé. À mesure que l’avatar avance, le fond du couloir s’éloigne et les murs s’élargissent. Des éléments anxiogènes dans la réalité dont la perception peut se modifier grâce à la réalité virtuelle. En s’identifiant à l’avatar, le sujet mobilise ses propres capacités et reprend ainsi possession du monde réel. Un bénéfice qui est loin d’être virtuel : « Lorsqu’on demande à un sportif de s’imaginer réalisant à un mouvement, cela active les mêmes zones cérébrales que s’il l’avait réellement accompli », explique le gériatre. Chez les sujets âgés, l’objectif aussi est clair : « On souhaite leur faire récupérer leurs automatismes de marche plus rapidement », poursuit-il.
Une technique facile à utiliser, peu coûteuse et accessible au plus grand nombre, telle est l’ambition quasiment concrétisée du gériatre, sur laquelle planche encore une équipe d’ingénieurs. Alors qu’on pourrait craindre la résistance des personnes âgées à s’approprier un dispositif virtuel, le Dr Bloch assure : « Des publications sur la réalité virtuelle en stimulation cognitive ont montré que les sujets âgés étaient assez réceptifs et avaient une bonne tolérance à la réalité virtuelle. » De quoi contrer les plus réticents. Surtout que le praticien espère une application bien au-delà de la prévention du syndrome post-chute : « Si l’outil montre une efficacité, on pourra envisager de l’utiliser chez des personnes qui ont un trouble de la marche ou de l’équilibre », projette ce féru de nouvelles technologies. Il imagine déjà d’autres champs d’expérimentation comme Google Glass : « On aimerait à l’avenir pouvoir travailler dessus, mais pour l’instant le système n’est pas assez développé », conclut-il.
Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées, recommandation HAS 2009
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