L’EXAMEN DIRECT, mettant en évidence des éléments mycéliens cloisonnés, est fondamental pour l’instauration d’un traitement antifongique approprié. La mise en culture au laboratoire permet une identification précise de l’agent pathogène.
• Dermatophytoses
La dermatophytose du pied ou pied d’athlète atteint environ 10 % de la population générale et plus d’un sportif sur 3. Il s’agit d’un intertrigo inter-orteils provoqué par un champignon de type dermatophyte. Son développement est favorisé par la chaleur et l’humidité. Sa transmission, interhumaine, est souvent tenace en l’absence de traitement. Elle peut également s’étendre à l’ensemble du pied.
Les dermatophytes à l’origine du pied d’athlète sont des champignons filamenteux dont l’affinité pour la kératine est forte. Ils pénètrent plus facilement dans la peau humide ou traumatisée. L’infection se contracte ainsi dans les lieux chauds et humides, quand on y marche pieds nus.
Une atteinte par un dermatophyte est typiquement unilatérale. Les lésions, érythémato-squameuses ou vésiculo-bulleuses, commencent au niveau du troisième et du quatrième espace inter-orteils puis peuvent s’étendre. Une auto-contamination est fréquente en cas de grattage. L’infection peut alors atteindre les plis inguinaux ou les mains.
Une fois sur deux environ, toutefois, les lésions siégeant entre les orteils ne sont pas attribuables à des dermatophytes. L’agent infectieux en cause peut être, une bactérie comme les corynébactéries par exemple, ou des moisissures phytopathogènes comme Scytalidium sp chez des patients provenant des zones tropicales ou subtropicales ou plus rarement un Candida.
C’est la raison pour laquelle un examen mycologique est indispensable. Le prélèvement par grattage des lésions cutanées permet un examen direct. La mise en culture permettra secondairement l’identification de l’agent responsable des lésions. Ce dernier domaine a bénéficié ces dernières années des avancées technologiques majeures dans le domaine de la biologie moléculaire et de la spectrométrie de masse qui permettent une identification rapide du champignon.
Traitement présomptif.
Par ailleurs, afin d’éviter la contagion et les complications telles qu’un érysipèle, notamment chez les patients vasculaires ou diabétiques, un traitement présomptif rapide s’impose. Un traitement local suffit en cas de lésion des orteils. Il fait appel aux dérivés imidazolés, à la ciclopiroxolamine ou à la terbinafine, qui est très active sur les dermatophytes mais pas sur les corynébactéries.
En cas d’extension des lésions aux plantes des pieds, aux mains ou aux ongles, le traitement par voie générale s’impose le plus souvent.
• Les onychomycoses
Les onychomycoses sont des infections fongiques de l’appareil unguéal provoquées par des dermatophytes, des levures ou des moisissures. Elles atteignent 6 à 9 % de la population générale.
Les onychomycoses sont surtout une maladie de l’adulte dont la prévalence atteint 30 % au-delà de 70 ans. Leur transmission est souvent interhumaine. Les facteurs favorisants sont essentiellement environnementaux. Il s’agit de la pratique sportive, de la profession de militaire, de mineur ou de maître-nageur, et du mode de vie. L’hallux valgus, enfin, est un facteur favorisant local habituel. Le port de chaussures fermées joue un rôle important dans les pays développés.
Examen direct et cultures.
Le traitement médicamenteux est efficace, mais il doit être prescrit à partir d’un diagnostic précis, comportant le type clinique de l’onychomycose et la nature du champignon. Là encore, donc, le traitement doit donc tenir compte du résultat du prélèvement biologique mycologique, qui est systématique. Sa technique doit être rigoureuse, il doit être effectué en zone active des lésions, avant tout traitement local (imidazolés, morpholine, hydroxypyridone) ou systémique (imidazolés, allylamine). Le laboratoire doit fournir les résultats de l’examen direct : présence de filaments mycéliens cloisonnés dans le cas des dermatophytes ou de pseudofilaments dans le cas des candidoses) et de la culture qui permettra l’identification précise du champignon en cause. Il faut souligner que l’examen histologique ne permet pas d’identifier le champignon et ne préjuge pas de sa vitalité.
Entretien avec le Pr Boualem Sendid Laboratoire de Parasitologie-Mycologie, Institut de Microbiologie, CHRU, Lille.
Mycologues ayant participé à l’élaboration de ce texte : Dr Marie-Elisabeth Bougnoux Maitre de conférence-Praticien Hospitalier, hôpital Necker, AP-HP Paris et Dr Claire Lacroix Maitre de conférence-Praticien Hospitalier, hôpital Saint-Louis, AP-HP Paris.
Conflits d’intérêt : aucun
Article suivant
Spondylarthropathies : avant tout des talalgies
Le prélèvement biologique mycologique doit être systématique
Spondylarthropathies : avant tout des talalgies
Métarsalagies bilatérales : penser à la PR
Une goutte dans un café
Des pieds nus sur de la terre rouge
Les dangers de la souffrance artérielle
Infection : une catastrophe épidémiologique
Diabète : une amputation toutes les trente secondes
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024