Trois types de douleur
LEs patients présentant une lésion de la moelle épinière rapportent des douleurs neuropathiques à trois niveaux. Des douleurs sous-lésionnelles, qui peuvent par exemple siéger au niveau des membres inférieurs chez les sujets paraplégiques, qui relèvent de la même approche thérapeutique pragmatique que toutes les douleurs neuropathiques. Leur prise en charge est parfois difficile, et peut être optimisée en adressant le patient à un centre anti-douleur. Des douleurs lésionnelles, à la limite du territoire lésé, avec le plus souvent une forte composante allodynique. Leur survenue à distance de la blessure doit faire rechercher une autre étiologie : compression, mobilisation du foyer de fracture, syringomyélie, spondylodiscite. Et enfin des douleurs sus-lésionnelles, en particulier au niveau des épaules qui sont sur-utilisées chez les paraplégiques, ce qui peut entraîner des lésions de la coiffe ou une pathologie arthrosique.
La prévention des lésions de l’épaule est absolument essentielle et nécessite de mettre en place, avec le patient, des mesures d’économie des épaules. Notamment, les mouvements entraînant une abduction marquée, tels que ceux réalisés lors des transferts - du fauteuil vers la baignoire, du fauteuil vers la voiture… -, sont très délétères pour la coiffe des rotateurs. « Il faut ainsi bien faire comprendre au patient qu’il doit éviter tout geste inutile afin de préserver ses épaules à long terme », souligne le Pr Pierre Denys. Par exemple, chez un patient se déplaçant avec des cannes, il faut bien sûr vérifier leur parfaite adaptation et lui conseiller de ne les utiliser que pour de petits déplacements en dehors du domicile, le fauteuil roulant devant être préféré dans les autres cas. De même, l’acharnement à la marche pendulaire est à proscrire car très néfaste à long terme pour les épaules.
Complications osseuses
Les complications osseuses constituent un autre problème rencontré par les patients. Elles sont de deux types. D’une part une ostéopénie sous-lésionnelle, conséquence de l’immobilisation et de la modification de la régulation neurologique sous-lésionnelle, qui implique un suivi régulier et un traitement éventuel. D’autre part, des paraostéoarthropathies, constructions osseuses aberrantes périarticulaires qui peuvent survenir à la phase aiguë du traumatisme médullaire mais également à distance. Elles constituent des facteurs d’enraidissement et de blocage des articulations de la hanche, du genou, de l’épaule ou du coude, pouvant notamment gêner la mise au fauteuil. Elles peuvent aussi entraîner une compression nerveuse périphérique (nerf cubital au coude, sciatique….) Leur prise en charge est chirurgicale et consiste à libérer les articulations atteintes afin de permettre une meilleure assise au fauteuil et/ou de faciliter l’habillage.
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