IL A LONGTEMPS été admis que les patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) mourraient d’une pathologie respiratoire. Or, les maladies cardio-vasculaires représentent l’une des premières causes de décès dans cette population. Dans l’étude des Torch Investigators (1), 27 % des décès étaient d’origine cardiaque. « Cela s’explique notamment par le fait que l’hypoxémie favorise les troubles du rythme cardiaque et la dysfonction endothéliale », a rappelé le Dr Alain Palot.
Les bêtabloquants ont fait la preuve de leur efficacité, en termes de réduction de la mortalité, dans diverses situations comme le postinfarctus du myocarde et l’insuffisance cardiaque systolique, mais ils sont classiquement contre-indiqués chez les patients ayant une BPCO.
Toutefois, de plus en plus de données convergent pour souligner que les bêtabloquants cardiosélectifs peuvent être utilisés sans risque chez les patients ayant une BPCO, et même qu’ils améliorent le pronostic.
Une revue Cochrane de 2005 (2) a montré que, chez ces patients, les bêtabloquants cardiosélectifs n’entraînent pas de dégradation de la fonction respiratoire. Une étude publiée en 2005 (3) a, pour sa part, mis en évidence une meilleure réponse aux bronchodilatateurs de la famille des bêta-2 agonistes chez les patients recevant un bêtabloquant cardiosélectif.
Et, lors d’une hospitalisation pour exacerbation, la prise d’un bêtabloquant cardiosélectif a été associée à une réduction de la mortalité (4), « un effet positif qui est sans doute lié à la limitation des effets secondaires des traitements inhalés, qui sont tachycardisants », a précisé le Dr Palot.
Une étude observationnelle récente a souligné la réduction de la mortalité chez des patients ayant une BPCO qui étaient traités par un bêtabloquant cardiosélectif (5). Sur un effectif de près de 6 000 patients, parmi lesquels plus de 800 étaient sous bêtabloquant, qui ont été suivis pendant plus de quatre ans, une baisse de 22 % de la mortalité globale a été constatée chez ceux recevant un bêtabloquant cardiosélectif. Une diminution du nombre d’exacerbations et d’hospitalisations a également été observée.
« Ainsi, aujourd’hui, alors que plusieurs études ont confirmé l’absence d’impact délétère sur la fonction respiratoire et une amélioration de la survie, il ne semble plus licite de contre-indiquer de principe les bêtabloquants chez les patients ayant une BPCO », a insisté le Dr Palot, avant de préciser que les bêtabloquants administrés doivent être cardiosélectifs, prescrits à posologie cardiosélective, atteinte de façon progressive.
Les bêtabloquants restent, en revanche, contre-indiqués dans l’asthme.
D’après la communication du Dr Alain Palot, pneumologue, hôpital Nord, Marseille.
(1)Calverley PM et coll. Salmeterol and fluticasone propionate and survival in chronic obstructive pulmonary disease. N Engl J Med 2007;356:775-89.
(2) Salpeter S et coll. Cardioselective beta-blockers for chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev 2005 Oct 19;(4):CD003566).
(3) Van de Woude HJ et coll. Detrimental effects of beta-blockers in COPD: a concern for nonselective beta-blockers. Chest 2005;127(3):818-24).
(4) Dransfield MT et coll. Use of beta-blockers and the risk of death in hospitalised patients with exacerbation of COPD. Thorax 2008;63:301-305.
(5) Short PM et coll. Effect of beta-blockers in treatment of chronic obstructive pulmonary disease: a retrospective cohort study. BMJ 2011;342:d2549. doi: 10.1136/bmj.d2549).
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