Hépatite stéatosique non alcoolique

La chirurgie bariatrique à l’étude

Publié le 19/03/2015
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Une NASH est observée dans 8 à 10% des obésités sévères

Une NASH est observée dans 8 à 10% des obésités sévères
Crédit photo : PHANIE

«La mise en évidence d’un possible effet hépatotoxique des dérivations jéjuno-iléales, techniques abandonnées, nous avait conduits à proposer à tous les patients ayant bénéficié des nouvelles techniques de chirurgie bariatrique dans notre centre un suivi hépatique avec biopsies à un, 5 et 10 ans afin de confirmer que ces techniques n’avaient pas les effets délétères des premières dérivations jéjuno-iléales », rapporte le Pr Philippe Mathurin. 85 % des patients ont accepté de suivre cette procédure. L’analyse des données portant sur un millier de doubles biopsies a montré une amélioration constante de la stéatose hépatique, d’autant plus marquée que les patients présentaient une insulinorésistance importante.

La stéatose hépatique simple est en effet associée à un risque de l’ordre de 1 % de développer une cirrhose mais ce risque est estimé entre 10 et 20 % chez les patients avec une Non Alcoolic Steato Hepatitis (NASH). Cependant, avant la présente étude, on disposait de peu de données sur l’évolution de la NASH après chirurgie bariatrique car cette lésion n’est observée que chez 8 à 10 % des obèses sévères.

Ce nouveau travail observe que la NASH disparaît dans 75 % des cas après la chirurgie bariatrique. « La disparition de la lésion chez 3 patients sur 4 n’avait jamais été observée avec aucun autre traitement testé dans cette indication », souligne le Pr Mathurin. Ce constat pose la question d’une indication propre de la chirurgie bariatrique en cas de NASH, avec une possible révision du seuil d’IMC.

Une réflexion similaire est actuellement menée chez les patients diabétiques résistants au traitement médicamenteux, chez lesquels la chirurgie bariatrique peut entraîner une amélioration très nette, voire une disparition du diabète.

Ces bénéfices sont bien sûr à mettre en balance avec les risques de la chirurgie, qui sont loin d’être négligeables.

«Nous devons rester très prudents et aller pas à pas, insiste le Pr Mathurin. Cette étude, qui n’avait pas de groupe contrôle, est une preuve de concept qui soutient la validité de cette approche. Il faudrait désormais faire une étude randomisée, afin de confirmer ces résultats, mais aussi poursuivre l’analyse à long terme afin de confirmer que l’amélioration observée à 1 an se maintient. Ceci permettrait d’avancer vers ce concept de chirurgie métabolique, afin qu’elle puisse à terme être une option chez les patients à risque en échec du traitement médical ».

D’après un entretien avec le Pr Philippe Mathurin, CHRU Lille
Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9396