Constipation extrême

La cæcostomie percutanée en cas d’impasse thérapeutique

Publié le 19/03/2015
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La cæcostomie percutanée par voie endoscopique (CPE), alternative mini-invasive à l’intervention de Malone, consiste en un abouchement du cæcum à la paroi abdominale avec mise en place d’une sonde souple multiperforée (sonde de CHAIT), permettant de faire des irrigations coliques antérogrades.

« Cette technique est très sûre, car la sonde est mise en place lors d’une coloscopie sous contrôle de la vue, et elle est réversible, précise le Pr Coron. Les irrigations coliques doivent être proposées comme un test thérapeutique avec possibilité de retrait au bout de quelques mois en cas d’échec, l’orifice se refermant spontanément en 2 à 3 jours ».

L’étude présentée lors des JFHOD porte sur 69 patients en impasse thérapeutique, traités par cacostomie percutanée endoscopique et suivis dans les centres de Nantes et Bordeaux.

Dans les constipations sévères, une nette amélioration a été rapportée dans 60 % des cas après un an de suivi. Le score de qualité de vie, évalué par le Gastrointestinal Quality of Life Index (GIQLI), a augmenté.

Chez les patients traités pour une incontinence fécale, une amélioration a été rapportée dans 75 % des cas à un an, quelle que soit l’étiologie.

Enfin, dans le sous-groupe de patients bordelais dont les troubles étaient secondaires à une chirurgie du rectum, l’amélioration a été de 90 %.

Les résultats apparaissent dès les premières semaines et semblent relativement stables dans le temps.

Les irrigations sont débutées deux semaines après la pose de la sonde, afin de permettre la consolidation de la zone de cæcopexie.

« L’éducation thérapeutique du patient est un enjeu majeur, et les stomathérapeutes sont des acteurs clés de la prise en charge », souligne le Pr Coron.

La sonde a dû être retirée chez 28 % des patients, pour échec ou complications, notamment des douleurs en regard de la zone de cacostomie. « Les douleurs chroniques concernent près de la moitié des patients et doivent être prises en charge avant d’envisager le retrait du dispositif, après évaluation du rapport bénéfice/risque », note le Pr Coron.

Un Programme hospitalier de recherche clinique interrégional débutera fin 2015 pour évaluer précisément le bénéfice apporté par cette technique versus le traitement habituel.

D’après un entretien avec le Pr Emmanuel Coron, CHU de Nantes
Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9396