Diabète de l'enfant

Percée du DT1 en métropole et du DT2 à la Réunion

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Publié le 24/04/2017
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En absence de registre c'est une analyse des données du Système national d'information interrégimes de l'Assurance-maladie (SNIIRAM) qui lève le voile. Ses résultats montrent une augmentation des cas entre 2010 et 2014 en métropole dans toutes les tranches d'âge (1). Alors que l'examen des données hospitalières à la Réunion met en évidence une émergence du diabète de type 2 (DT2) pédiatrique dans ce département qui compte le plus fort taux d'obésité et de DT2 chez l'adulte (2).

Diabète de type 1 pédiatrique : plus 3 % en 4 ans

Les données du SNIIRAM ont été auscultées et les nouveaux cas de diabète de type 1 (DT1) recensés chez les enfants âgés de 6 mois à 14 ans après exclusion des enfants souffrants de maladies chroniques sévères induisant un diabète insulinodépendant d'origine non auto-immune (drépanocytose, mucoviscidose…). Ils ont été rapportés aux données de l'INSEE de manière à établir les taux d'incidence par année, âge, sexe.

Résultats, l'incidence a progressé entre 2010 et 2014 chez les jeunes âgés de 6 mois à 14 ans de 15,5/100 000 enfants en 2010 à 18/100 000 en 2014. Plus de garçons que de filles ont développé la maladie avec un ratio de 1,2 garçon pour 1 fille. Globalement l'incidence annuelle a grimpé chaque année en moyenne de 3,2 % chez les garçons et de 2,9 % chez les filles.

« Cette augmentation touche toutes les tranches d'âge. Entre 2010 et 2014, en moyenne le taux d'incidence a augmenté de 1 % chez les 6 mois et 4 ans, de 3 % chez les 5-9 ans et de près de 4 % chez les 10-14 ans », résume Clara Piffaretti (Santé Publique, Saint Mandé).

Toujours trop d'acidocétoses au diagnostic

En 2010, vu les taux important d'acidocétoses lors du diagnostic de DT1 chez l'enfant, une campagne nationale d'information a été lancée à destination des professionnels et des familles avec notamment un affichage chez les pédiatres.

L'année suivante les acidocétoses sévères au diagnostic chez les moins de 14 ans étaient passées de 15 à 11 %. Une étude présentée à la SFD a suivi leur évolution jusqu'en 2016 et constaté un rebond (2).

Avant la campagne, 44 % des enfants étaient en acidocétose au diagnostic, 15 % en acidocétose sévère. La prévalence de ces acidocétoses en particulier sévères a ensuite diminué durant deux ans mais a réaugmenté dès la troisième année pour rejoindre en 2016 les niveaux de 2010. « L'information du grand public et des médecins généralistes doit donc être poursuivie si on veut réduire la morbimortalité associée au diagnostic de DT1 chez l'enfant », conclut Jean Jacques Robert (Association des jeunes diabétiques).

Diabète de type 2 infantile à la Réunion

À la Réunion, obésité et DT2 sont trois plus prévalents qu'en métropole. Et un quart des enfants sont en surpoids ou obèses. C'est pourquoi une étude menée à partir des données d'hospitalisations entre 2010 et 2015 s'est penchée sur l'incidence du diabète de type 2 des jeunes (3). Elle montre que l'incidence annuelle du DT1 et DT2 est de 12,5/100 000 chez les moins de 18 ans, soit un peu moins qu'en métropole. En revanche, parmi eux près d'un sur dix présente un DT2 (9,4 % des cas). Ils ont 15 ans en moyenne et les jeunes filles sont trois plus touchées que les garçons. C'est un constat alarmant. Du coup un registre régional dédié au diabète des jeunes va être lancé (DIABIRUN).

D'après les interventions de
(1) Piffarettit C et al. Évolution de l'incidence du diabète de type 1 chez l'enfant en France, 2010 à 2014
(2) Tezier A et al. Diabète de type 2 à l'âge pédiatrique en département d'Outre Mer : premières données régionales à la Réunion
J(3) Robert JJ et al. Acidocétose au moment du diagnostic de diabète de type 1 chez l'enfant et l'adolescent : suivi de 5 ans après une campagne de prévention

Pascale Solere

Source : Le Quotidien du médecin: 9575